L’institution se prépare en effet depuis 2010 à intégrer la Communauté nationale de défense et de sécurité du Cameroun. Retour sur les travaux et les résolutions qui ont jeté les bases d’une refondation de la douane camerounaise.
« Punta Cana représente le virage politique et stratégique pris par la communauté mondiale dans la lutte contre les menaces sécuritaires protéiformes auxquelles fait face le monde contemporain ». Propos d’Eric Ndo, le Chef de la Division des Enquêtes Douanières et de la Surveillance des Douanes camerounaises. Punta Cana marque en effet l’Acte fondateur d’un nouveau visage des institutions douanières impulsé par la Commission de Politique Générale de l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD), depuis 2015. Cette résolution donne ainsi expressément mandat à la douane de placer les problématiques sécuritaires au cœur de ses missions. Ce, au regard de son rôle central dans la gestion de la chaine logistique, son pré-positionnement stratégique à la frontière et de sa contribution présente et potentielle dans le domaine de la sécurité frontalière et de la lutte contre le terrorisme.
Prenant acte de cette nouvelle mission, le projet de sécurité de l’OMD pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMD-OAC) appui le renforcement des capacités des personnels des douanes et les autres organismes de répression et de prévention du commerce illicite de la Région dans le cadre du contrôle des mouvements des substances chimiques et autres composants des Engins Explosifs Improvisés (EEI) depuis 2018, grâce aux séminaires de sensibilisation et à la fourniture d’équipements de détection liés à la sécurité. Au Cameroun, les plus hautes autorités de la République ont marqué leur accord pour l’implémentation de cette nouvelle donne. Sur le plan international, la Douane camerounaise participe activement aux différents programmes et opérations mis en place par l’Organisation Mondiale des Douanes dans le cadre de la lutte contre la fraude.
Une attention particulière est, en effet portée, sur la mise en œuvre de la « Résolution de Punta Cana » de décembre 2015, concernant le rôle de la Douane dans le contexte de la sécurité et le cadre de normes « SAFE », visant à sécuriser et à faciliter les échanges commerciaux internationaux. Elle induit un renforcement des capacités de la douane camerounaise, par le recours aux outils et techniques modernes lui permettant de gérer plus efficacement les mouvements transfrontaliers des marchandises, des personnes et des moyens de transport, ainsi que les flux des données et du renseignement engendré par ledit mouvement, afin de faire face à la montée en puissance de la fraude commerciale, de la criminalité transfrontalière organisée et du terrorisme.
Comme la plupart des pays composant l’OMD, les défis sécuritaires sont étroitement liés aux objectifs économiques. Le Cameroun est à la croisée des chemins de ces deux enjeux, exacerbés par la crise dans les Régions anglophones, les vélléités expansionnistes de bandes armées venues de la Centrafrique, le terrorisme orchestré par le phénomène Boko haram dans le septentrion ou encore, les divers trafics et migrations de biens et des personnes entre pays. « …..Force est de constater que le résultat n’a pas été celui escomptée, alors même que l’évolution du commerce illicite, des trafics et d’autres formes d’insécurité en rapport avec la surveillance douanière commande inexorablement une mise à jour et un affutage systémique de nos méthodes de déploiement. La Division des Enquêtes Douanières et de la Surveillance se sent donc à juste titre interpellée à plus d’un titre », a ajouté Gervais Eric Ndo.
Sous l’impusion d’Edwin Fongod Nuvaga, le Directeur général des Douanes camerounaises, l’institution met désormais un accent sur la coordination de la surveillance, la dynamisation des unités, le contrôle et suivi-évaluation des unités. À ce titre, d’importantes assises, baptisées, « Forum de la Surveillance » ont réuni du 10 au 11 août 2020 dans les installations du Centre d’instruction Douanière à Nomayos, le Chef de la Division des Enquêtes Douanières et de la Surveillance, le COM/GSID et son état-major, les Chefs de Secteurs, le Chef de la Cellule de la Surveillance Douanière, le Chef de la Cellule du Renseignement et de la Documentation, les Commandants de Groupements, les Sous-directeurs du Fret, le Sous-directeur des transmissions, le Chef de Subdivision de Yaoundé Centre-ville. « Il s’agissait principalement de jeter les bases d’une redynamisation et d’une refondation de la surveillance douanière, avec pour objectif général de « relever les défis sécuritaires et ceux de protection de l’espace économique de plus en plus croissants », a ajouté le Chef de Division des Enquêtes Douanières et de la Surveillance.
Comme objectifs spécifiques les travaux de Nomayos portaient sur la coordination de la surveillance (coordination stratégique, coordination tactique et coordination opérationnelle), la stratégie (définition des objectifs, planification des opérations de lutte contre la fraude et politique de déploiement du dispositif opérationnel), les ressources et le fonctionnement des unités de surveillance (ressources humaines, matérielles et financières), et la déontologie (discipline, éthique et esprit de Corps). Le Directeur général des Douanes camerounaises a, à cet effet, défini les résultats escomptés au terme dudit séminaire-atelier: l’application effective et totale de l’organigramme, mise en œuvre des recommandations des autres textes particuliers régissant la Surveillance (comité interministériels, conventions, instructions, etc.), l’opérationnalisation du plan de surveillance et l’amélioration des performances des unités de surveillance, l’acquisition des moyens matériels adéquats à la surveillance (moyens roulants, bateaux, drones, etc….) et l’allocation d’un fonds de lutte contre la fraude aux Groupements Actifs, la restauration de la discipline et de l’esprit de corps au sein de la DGD (valorisation de l’esprit militaire, respect de la hiérarchie, service sous le drapeau, respect de la Convention de Kyoto Révisée, etc…..).
Les travaux étaient constitués autour de plusieurs ateliers: Élaboration d’un cadre opérationnel de travail collaboratif avec les Forces de Défense et de Sécurité, le Ministère de la Santé, le Ministère des Forêts et de la faune, le Ministère de l’Environnement, le ministère de la Justice et les autorités administratives, l’articulation du circuit de collecte d’informations et de diffusion du renseignement stratégique et opérationnel entre (DGD2, GSID, Sous-Direction des transmissions, les correspondants régionaux de renseignement et les unités opérationnelles), la lecture, amendements et consolidation des Textes d’application du GSID, les axes de contribution de la surveillance à la mobilisation et à la sécurisation des recettes et esquisse d’un modèle type de délégation de compétences des Chefs de Secteurs aux Commandants de Groupements Actifs, et la ecture et amendement du modèle de rapport d’activités mensuel, de la fiche de suivi général des marchandises élaborée (Fiche miroir), du programme annuel des activités à mener et du modèle de contrat d’objectifs des unités de surveillance.
Un Groupe technique chargé de la préparation des textes de mise à niveau de la Douane camerounaise en vue de son intégration dans la communauté nationale de défense et de sécurité a été installé afin d’accélerer ce processus. Précisément, de préparer dans les délais impartis le juste canevas pour une mise à niveau de la Douane dans la communauté nationale de défense et de sécurité, conformément au Très Haut Accord du Chef de L’État, répercuté par lettre N°B1466/SG/PR du 08/10/2020.
Jean Adoul
