Julien Serge Abouem, Président de la Fédération Camerounaise de volle-yball, et porteur de ce concept sportif, a fait le point, à l’occasion de la célébration de la décennie de sa mise en oeuvre, ce 13 Avril 2023 au collège Johnson de Yaoundé. Dans une interview accordée à votre site d’informations, le manager a passé au peigne fin son bilan, et par la même occasion, envisagé des perspectives prometteuses pour le volley-ball Camerounais.
« Nous allons injecté 45,5 milliards FCFA, et visons un objectif de 20.000 athlètes… »
- Après 10 années de « refondation », le risque vallait-il la peine d’être pris ?
C’est 10 ans qui n’ont pas été de tout repos. Nous avons beaucoup travaillé. Il va de soit qu’il reste beaucoup à faire. Nous avons eu à gérer des risques, des difficultés, mais je voudrais dire ici que les risques font partie de la gestion, et lorsqu’on est manager, on doit intégrer cela dans la gestion. On fait une cartographie des risques, car il faut les connaître avant et les agresser. Donc, ça n’a pas été facile, les risques ont été tant au plan interne, qu’externe. Mais je crois qu’aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons fait l’essentiel.
– Quel appréciation faites-vous de la « refondation » ?
Lorsque nous prenions la tête du management de la fédération il y a 10 ans, nous avions pour mot d’ordre, faire du volley-ball camerounais un produit olympique. Dans ce groupe de mot « produit olympique », il y a le « produit » qui peut être defini comme un bien, un service vendable. Et de l’autre côté, il y a le mot « olympique », qui est le reflet de l’idéal olympique, avec ce que ça comporte de fair play, de manière d’être, de relation cheep, de l’olympisme. Donc, la question est de savoir aujourd’hui, si le volley-ball Camerounais est désormais un produit qui se vend ? Chacun pourrait répondre à cette question sur la base de nos réalisations.
– Comment avez-vous procédé pour réaliser votre projet ?
Pour atteindre ce produit, nous avons fait ce qu’on appelle « une sectorialisation », ou mieux, plusieurs composantes, dont la première a été un adressage territoriale du volley-ball camerounais. Et là, c’était axé sur la promotion, l’animation et la vulgarisation. Au moment où je vous parle, je peux vous affirmer que le volley-ball se joue un peu partout au Cameroun. Nous avons 83 ligues d’Arrondissement, nous avons 46 ligues départementales, nous avons 10 ligues régionales, nous avons 4 secteurs. Je crois que ces statistiques sont édifiantes et nous pouvons être fiers que certainement après le football qui peut avoir cet encrage territorial, la Fécavolley soit en matière de maillage territorial, la fédération la plus implantée au Cameroun.
– Le volley-ball est-il aujourd’hui accessible à tout camerounais quelque soit le lieu où il se trouve ?
En tant qu’association de droit privé, nous menons des activités de service public, et le premier principe, c’est l’égalité. Et le fait que le volley-ball se joue partout au Cameroun répond à ce critère, donc nous avons fait des efforts dans ce sens.
– Quel est aujourd’hui l’état des compétitions organisées sur le plan local ?
La deuxième composante de la « refondation » était les compétitions. À ce niveau, nous pouvons faire le distinguo entre les compétitions nationales, et les compétitions internationales. Sur le plan national, nous avons radicalement transformé notre système de compétitions, passant de regroupements à des championnats sectoriels.
– Pourquoi avoir opté pour des championnats sectoriels ?
Tout simplement parce que comme nous le disons très souvent, l’organisation du volley-ball a un coût. Lorsque nous prenions la fédération, il existait 5 équipes hommes, et peut-être 7 équipes dames. Donc, c’était les mêmes équipes, et tout se concentrait généralement à Douala et à Yaoundé, tout simplement parce qu’il était difficile pour les privés d’avoir une équipe à Moloundou, et de se rendre à Mokolo dans l’Extrême-nord, ou bien être à Mokolo et aller à Ambam, ou encore être à Ambam et aller à Bamenda. Donc, ce que nous avons fait a été de segmenter notre territoire en quatre grands secteurs dans lesquels se joue le volley-ball sur le plan compétitif. Et les résultats ont été immenses. Nous sommes partis d’une douzaine de clubs, à près d’une centaine de clubs, et si mes statistiques sont exactes, je penses que nous en sommes à environ 106 clubs de volley-ball.
– Êtes-vous aujourd’hui satisfait du rayonnement du volley-ball camerounais sur la scène internationale ?
Au plan international, je penses que c’est-là où on a le plus vu le volley-ball Camerounais à l’œuvre. Citer tous les lauriers ici, nous prendrait plusieurs heures. Je m’arrêterais donc sur l’essentiel, notamment quatre coupes des Nations, donc trois chez les seniors dames, et une chez les cadettes dames. Nous sommes plusieurs fois vice-champion chez les hommes. Participations aux jeux olympiques, coupes du monde, le prestigieux tournoi « TQO ». Exceptionnellement, nous avons été invités par des partenaires européens en Suisse, au très grand tournoi de Montreuil. Ça veut dire que nous avons eu du label, et on peut désormais compter sur le volley-ball Camerounais à l’international.
– Qu’en est-il aujourd’hui du volet marketing à la Fécavolley ?
Le troisième pan était le marketing, la communication et le sponsoring. Là aussi, quand nous avons pris la fédération, il y avait zéro sponsor. Le total bilan de la fédération avoisinait les 15.000.000 FCFA, l’année. Aujourd’hui on est à plus d’un milliard de FCFA. En matière de sponsoring, à la vérité, au regard du standard que nous avons fixé, nous sommes à 16 sponsors, et je puis vous assurer que, c’est eux qui nous ont permis de tenir à des moments où, l’État était parfois en retard, en terme de financement. Je voudrais profiter de cette tribune pour spécialement les remercier, notamment notre sponsor majeur, la Camtel, je ne vais pas oublier Source Tanguy, Prometal, Chanas assurance, Tiof, Zeus, et bien d’autres. Donc, nous avons fait un grand travail en terme de marketing, et cela s’observe lors de nos déploiement pour les compétitions tant sur le plan national qu’international. Et malgré tout ce qui se passe actuellement, tous, sans exception, nous ont reconfirmer leur soutient.
-Peut-on aujourd’hui se satisfaire sur le plan des infrastructures ?
Le dernier axe notre programme était les infrastructures. Et sur ce plan, nous n’avons pas atteint nos objectifs, mais c’est compréhensible dans le sens où les objectifs internationaux ont pris le pas sur les objectifs d’investissement. Nous comptions en 10 ans avoir 10 gymnases. Aujourd’hui, il faut dire que nous avons un qui est terminé, et quatre qui sont en construction. Nous avons aussi réalisé plusieurs plateformes dans des villes. Mais nous à la Fécavolley, nous ne les considérons pas comme des réalisations. Notre indicateur c’est des gymnases.
– Sur ce volet des infrastructures, n’empiétez-vous pas-là sur le domaine de l’État ?
C’est vrai que dans le sport ce n’est pas aux fédérations qu’incombe cette tâche. Mais nous avons pris le taureau par les cornes, pour se doter de nos propres infrastructures. Aujourd’hui, nous sommes au Collège Johnson, où nous avons déjà investi près de 800.000.000 FCFA, y compris les dotations de l’État de près de 150.000.000 FCFA. Nous avons un gymnase opérationnel, nous sommes en train de construire des dortoirs. C’est dire que nous avons quand même essayé, malgré ces difficultés, de penser à l’infrastructure de production.
– Comment comptez-vous donc redresser la barque pour atteindre ces objectifs sur le plan infrastructurel ?
Nous espérons que les prochaines années nous permettront d’atteindre ces objectifs sur le plan infrastructurel. Car si nous voulons atteindre le niveau de l’Italie, ou du Brésil, il faudra que nous ayons un jour 60 à 70 gymnases, répartis sur tout le territoire national. Et c’est possible. Dans cette lancée, nous avons déjà signé des partenariats avec des Communes, avec l’association des femmes Maires du Cameroun, ce qui nous permet de projeter la construction de deux gymnases dans les deux mois qui suivent. Nous sommes en contact avec la Commune de Bertoua qui a fait appel à nous. Nous allons également lancer la construction d’un gymnase de ce côté. Donc, plusieurs tractations sont en cours pour que ces objectifs soient atteints. Pour les 10 prochaines années, nous avons pour objectifs la construction de 30 gymnases, car nous sommes soucieux du cadre dans lequel nous souhaitons faire travailler nos enfants. Il faut que le jeune volleyeur ou la jeune volleyeuse au Cameroun, commence dès l’âge de 6 ans, 8 ans à plonger, à ne pas avoir peur d’aller au sol, à prendre des risques. C’est tout ça qui permet de fabriquer du bon produit volley-ball.
– Que doit-on retenir en terme de perspectives immédiates ?
En terme de perspectives, nous allons injecté 45,5 milliards FCFA. Nous sommes partis pour avoir plus de 20.000 athlètes, une trentaine de gymnases, sans oublié le vollet compétitions et de lauriers que nous entendons engranger.
Propos recueillis par Sylvain Kwambi