Grève à Orange : Risques de perturbations dans les filiales
Le préavis déposé le 7 septembre 2021 émane de 6 organisations syndicales. Une dizaine de revendications soutendent leur mouvement d’humeur. Dont celles pouvant avoir un réel impact sur les filiales africaines du groupe de téléphonie mobile français.
Le mouvement de grève débuté ce 21 septembre 2021 est qualifié «d’historique depuis la privatisation d’Orange Telecoms» par ses initiateurs (Cfdt, F3C, Cgt-Fapt, Fo-Com et Sud-Ptt). Pour ces derniers, il s’agit de mettre fin au démantèlement progressif de l’entreprise, de peser sur les négociations en faveur d’une égalité professionnelle, dénoncer les écarts salariaux, les inégalités de primes de départ à la retraite, une réelle répartition des richesses etc… «Les 2 derniers accords NAO ont conduit à des décisions unilatérales de l’entreprise de bas niveaux. En 2020, les actionnaires ont vu leurs dividendes augmenter. Cette hausse a compensé les pertes de 2019. Les salariés, eux, ont vu leur pouvoir d’achat baisser en 2019 et en 2020. Les augmentations de salaires n’ont pas été compensées par l’augmentation des prix à la consommation, les parts variables des salariés sont constamment en baisse, que ce soit pour les Pvc, Pvm, l’intéressement ou la participation. Résultat: seul les salariés ont payé les effets de la crise sanitaire», mentionnait le préavis de grève de ce 7 septembre 2021.
Le groupe Orange a en effet dégagé en 2020 un bénéfice net de 5 milliards d’euros. Bénéfice en hausse de près de 60%. L’entreprise a pourtant annoncé un plan d’économies d’un milliard d’euros d’ici à 2023. L’iintersyndicale sollicite par ailleurs la révision de la politique immobilière de l’entreprise. Ce climat délétère décrit par les centrales syndicales françaises a débouché sur la suppression de 30.000 emplois en 10 ans. D’après les syndicats, le groupe envisage de se séparer de 7.000 emplois dans l’avenir. Sont concernés par ce préavis de grève, l’ensemble des personnels titulaires, stagiaires, contractuels et auxiliaires, ainsi que les personnels titulaires et non-titulaires de droit public exerçant leurs fonctions au sein de tous les services de l’Ues (unité économique et sociale) Orange.
Sérénité et prudence
Ce mouvement d’humeur aura-t-il une incidence sur les filiales africaines de l’entreprise de téléphonie mobile? La question concerne environ une vingtaine de filiales, dont celle du Cameroun dirigée depuis le 28 juillet 2021 par le beninois Patrice Benon.
Les points portant sur la fin du démantèlement progressif de l’entreprise (Ui transfert de l’activité vers la sous-traitance, Ad fermeture et transfert des boutiques restantes vers la Gdt, Sce transfert de salariés vers la filiale Obs Sa, séparation des réseaux et services, cession progressive des réseaux mobiles-Tower co et fibre-Orange concession), la correction des écarts salariaux (revalorisation salariale), un accompagnement financier non discriminatoire, l’obligation d’embaucher tous les alternants à l’issue de leur formation, la dégradation des conditions de travail et une réelle répartition des richesses, un investissement massif dans les déploiements et le maintien des réseaux, les formations de qualité pour tous avec une réelle évolution de carrière en lien avec les évolutions technologiques, et un retour à un dialogue social de qualité pourraient trouver un écho favorable au sein des filiales africaines, moins nanties et peu structurées que celles des autres continents, celles d’Europe notamment. Une source interne à Orange Cameroun affirme que «le mouvement engagé par les syndicats hexagonaux ne concernent pas directement les employés d’Orange Cameroun».
Tout en confirmant la «sérénité qui règne dans toutes les agences Orange Cameroun», notre contact sous anonymat avoue néanmoins que «la situation est suivie de près par tout le personnel». Une perturbation au sein de la représentation-mère du groupe de téléphonie mobile aura en effet des répercussions indirectes internes sur les différentes filiales.
A titre de rappel, Orange Cameroun a réalisé en 2020, des revenus de 216,38 milliards de FCFA, une couverture 3G de 79% et 9,26 millions d’abonnés (7,87 millions d’abonnés en 2019). La filiale camerounaise du groupe français emploie 650 personnes.