22 novembre 2024

Hydrocarbures: nouveau scandale de corruption et fraude fiscale impliquant le Cameroun

(Ripostes,Georges Semey). Bourbon, groupe Français spécialisé dans l’industrie pétrolière, est accusé de pratiques illégales, avec pour objectif de diminuer ou faire disparaître des redressements fiscaux dans 3 pays Africains, dont le Cameroun. Comme dans l’affaire Glencore, Me Akere Muna appelle à l’ouverture rapide d’une enquête dans cet autre dossier.

Nouveau coup de théâtre dans le monde sinueux du négoce des produits des hydrocarbures. Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné ce 12 juillet 2024, sept (7) cadres et anciens cadres du groupe Français Bourbon, spécialisé dans le trading des produits pétroliers. Ces derniers ont été condamnés pour des faits de corruptions survenus au Cameroun, mais également au Nigeria et en Guinée équatoriale autour des années 2010.

Sont concernés par cette sentence, Gaël Bodénès, Christian Lefèvre, et Laurent Renard, trois membres du Comité exécutif du Groupe Bourbon à l’époque des faits. Ainsi que Marc Cherqui, mais aussi Rodolphe Bouchet, Kunle Areogun, Lilian Genevet et Éric Verrière, de hauts responsables de cette entreprise à la même période. Tout part de l’interpellation en octobre 2012, de Marc Cherqui, en possession d’une mallette de cash bourrée de billets de banque, en provenance du Nigéria. Le fiscaliste avait été intercepté à l’aéroport de Marignane, en possession d’une bagatelle de 250.000 dollars Américain. Ce qui va conduire à l’ouverture d’une enquête.

D’après nos confrères Français, «en remontant la piste de la mallette d’argent liquides, les enquêteurs de la Juridiction inter-régionale spécialisée de Marseille (Jirs) avait acquis la conviction que le groupe maritime marseillais(…), avait eu recours à des pratiques illégales pour diminuer ou faire disparaître des redressements fiscaux dans ces 3 pays», (Cameroun, Nigéria, Guinée Équatoriale, Ndlr).

Cette nouvelle affaire dans laquelle le Cameroun est indexé s’ajoute aux dossiers Glencore et Gemalto. Deux contentieux où pèsent de forts soupçons de corruption et retro-commissions contre le Cameroun. En effet, depuis 2018, «Glencore» est accusé par la justice Américaine et le Serious Fraud Office (Sfo) de Grande-Bretagne, d’avoir brillé au Cameroun, par des actes de corruption et de manipulation de marchés. D’après des informations crédibles, le groupe Anglo-Suisse de négoce des produits pétroliers a rondement soudoyé de nombreuses autorités locales, dont celles appartenant à la Snh (Société nationale des hydrocarbures), et à la Sonara, la Société nationale de raffinage. Qui démentent.

D’après le Bureau Londonien du Sfo Glencore aurait versé au moins (10) dix millions d’euros (environ 6,5 milliards de FCFA) en pots-de-vin à des agents de la Snh et de la Sonara. Glencore a finalement reconnu sa culpabilité, sous la pression du Département Américain de la justice. Pour se faire, le groupe a accepté de s’acquitter du paiement de 700 millions de dollars représentant l’amende y relative.

Quant à l’opérateur Gemalto (racheté par Thalès en 2009), signataire avec l’Etat du Cameroun (via la Délégation générale à la sûreté nationale), d’un contrat de production de 20 millions de cartes e-ID dites «Sealys» en polycarbonate, il est accusé par le Parquet national financier (Pnf), de «corruption d’agent public étranger en bande organisée, blanchiment aggravé de corruption d’agent public étranger et association de malfaiteurs». Un intermédiaire de nationalité Israélienne commis par Gemalto serait au centre de ces négociations nébuleuses au Cameroun. L’enquête ouverte en 2022 a débouché sur l’ouverture d’une information judiciaire en février 2023, par le Pnf.

Notons que dans le dossier Bourbon, le procureur près le tribunal correctionnel de Marseille a requis pour Jean-Yves Lourgouilloux des peines allant d’un an de détention avec sursis et 30.000 euros d’amende à 3 ans de prison dont 18 mois ferme et 150.000 euros d’amende, pour 7 des 8 prévenus. Toutefois, ce nouveau scandale entache l’image du Cameroun et celle de son administration. Par ailleurs, des voix à l’instar de celle de l’avocat international, Me Akere Muna, s’élève déjà en faveur de l’ouverture d’une enquête au Cameroun, afin de débusquer la pieuvre locale dans le système entretenu par le groupe Bourbon. À suivre.

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