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Majoration des enfants: comment policiers et militaires retraités fraudaient pour gonfler leurs allocations

(Ripostes,Georges Semey). L’audit instruit à cet effet révèle qu’un réseau bien ficelé au sein de ces deux corps habillés profitait des failles du système, pour grossir leur pension sur le dos du Trésor public. Nos sources confirment plus de 12.846 faux enfants de plus de 16 et 20 ans, découverts. Par ailleurs, il ressort de l’audit mené que 4.300 retraités de ces même corps, ont usé de faux documents pour bénéficier de leurs droits.

C’est à une véritable pieuvre tentaculaire que s’en est pris le Ministère des finances (Minfi), le Ministère de la défense (Mindef), et la Délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn). Ces trois institutions ont effectivement engagé depuis 2022, un audit sur la majoration pour enfants, attribuée aux pensionnaires retraités du Ministère de la défense et de la Délégation générale à la sûreté nationale. Ce, dans le cadre du processus d’assainissement permanent du fichier solde et pensions, prescrit par le Président de la République.

À cet effet, une plateforme conjointe Minfi/Mindef/Dgsn a été mise sur pieds, en vue de passer au peigne fin, de milliers de dossiers litigieux, dont la majoration par certains ayants droit retraités de l’armée et de la police , ont provoqué une inflation anormale de cette charge. La période allant de 2010 à 2021, soit 11 ans, a été audité par la plateforme tripartite, qui a constaté une « augmentation rapide du montant de cet élément de gain servi aux retraités de l’armée et de la police, sur la base du nombre d’enfants de plus de 16 ans pour l’armée et plus de 20 ans pour la police, au cours de leur carrière », affirme dans une sortie, Yves Assala, le Chef de Division de la Communication du Ministère des finances.

Concrètement, l’audit mené par la plateforme a permis de déceler de nombreuses irrégularités ayant causé une explosion de cette allocation, sous la période mentionnée supra, provoquant « une détérioration de la soutenabilité du système des retraites », ajoute ce responsable du Minfi. Il ressort par conséquent de ce travail de souris effectué par la task force Minfi/Mindef/Dgsn, les irrégularités suivantes: environ 12.846 actes de naissance déclarés faux dans les centres d’état civil, et environ 4.300 retraités avec au moins, un acte déclaré faux, à raison de 418 émanant de la police, 3.842 de l’armée et 43 provenant des pensions de réversion versées aux veuves des militaires. Un manque à gagner qui se chiffre à environ à de dizaines de milliards de FCFA, sur la période auditée, nous confirme une source.

« Eu égard à l’étendue du préjudice pécuniaire que cette situation engendre au détriment du trésor public, le groupe de travail conjoint Minfi/Mindef/Dgsn a recommandé l’application d’une mesure conservatoire », indique-t-on au Ministère des finances. Ainsi, la mesure évoquée consiste en la suspension de la solde, dès le mois de juillet 2024, du paiement de cet élément de gain aux retraités bénéficiaires affichant au moins un acte déclaré faux.

Maniant le bâton et la carotte, un dispositif d’accueil ad hoc, a été mis en place depuis le 29 juillet 2024 au Ministère des finances. Cette fenêtre permet aux intéressés de déposer les dossiers comportant les actes de naissance réguliers, ainsi que toutes autres pièces justificatives authentiques. L’examen de 110 dossiers reçus dans le cadre de ce dispositif, a déjà permis de restaurer la majoration de 52 dossiers, au cours de la solde du mois d’août 2024. Ce, avec rappel du mois de juillet 2024.

On apprendra également du Ministère des finances que l’examen des dossiers se poursuit, jusqu’à la fin du mois d’octobre 2024. À suivre.

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