(Ripostes avec Snh). Au 30 juin 2024, la production pétrolière nationale s’élève à 61.405,75 barils par jour. Alors que la Société nationale des hydrocarbures (Snh), entreprise publique, mandataire de l’État du Cameroun pour la mise en valeur des ressources pétrolières et gazières nationales, est sous le coup de nombreuses critiques relative à la gestion de la manne pétrolière et gazière du pays, cette dernière apporte quelques informations sur ces activités hautement stratégiques.
Les activités de recherche et de développement des hydrocarbures se déroulent dans deux bassins sédimentaires, essentiellement en mer (off-shore): Rio del Rey (Sud-ouest), et Douala/Kribi-Campo (Littoral). Pour mener ces activités, la Snh travaille avec des compagnies pétrolières.
En phase d’exploitation, celles-ci bénéficient d’une autorisation de recherche et supportent, seules, les coûts inhérents aux travaux à engager. En cas de découverte rentable, la Snh signe un contrat de partage de production et rembourse à la compagnie pétrolière l’investissement de recherche, à hauteur de sa part dans le contrat de partage de production. Aussi bien les autorisations de recherche, que les contrats de partage de recherche, que les contrats de production, portent la signature du Ministre en charge de l’industrie.
Des contrats de partage de production en vigueur, il ressort que la part de production revenant à l’État s’élève à 70% en moyenne.
Au 30 juin 2024, la production pétrolière nationale s’élève à 61.405,75 barils par jour. Elle est composée de trois types de pétrole brut: le Kolé, le Lokélé et l’Ebomé. Chacun de ces bruts présente des caractéristiques spécifiques, qui déterminent leurs prix sur le marché international.
- Qu’entend-on par marché pétrolier international?
Le marché pétrolier est un marché concurrentiel partiellement contrôlé. Le prix est déterminé en fonction de l’offre et de la demande, et en fonction des facteurs exogènes tels que les événements socio-politiques. La demande émane des raffineurs qui transforment le pétrole brut en produits utilisables par les clients finaux (carburants, combustibles, matière première pour l’industrie pétrochimique).
Les raffinneurs passent par des filiales spécialisées dans la négoce dont l’activité est d’intervenir sur le marché pour acheter les quantités nécessaires pour le fonctionnement des raffineries ou pour revendre les excédents inutilisés. Ces traders peuvent aussi chercher à réaliser des bénéfices à court terme par des opérations d’achat et de revente en jouant sur les variations de cours quotidiennes.
Ainsi, il arrive fréquemment qu’une cargaison de pétrole change de propriétaire plusieurs fois avant d’être livrée. Le marché sur lequel s’effectuent ces transactions d’échanges physiques de barils de pétrole s’appelle « le marché spot ». En plus des barils de pétrole qui changent concrètement de mains, il y a les barils de pétrole qui sont l’objet d’un commerce uniquement « sur papier ». Le pétrole est acheté et vendu « sur papier » d’après une valeur future estimée et, en règle générale, il n y a pas d’échange physique du produit.
Ces opérations se réalisent sur des marchés à terme dont les les deux principaux sont le NYMEX (New York Mercantile Exchange) et l’IPE (International Petroleum Exchange), devenu ICE Futures (Intercontinental Exchange) en 2005, et situé à Londres. Elles permettent aux producteurs de vendre à terme (ou aux raffineurs d’acheter à terme), des qualités de pétrole à un prix fixé à l’avance et ainsi de se protéger contre toute variation défavorable de cours.
Les investisseurs qui se portent contreparties espèrent réaliser un profit en spéculant sur l’instabilité des prix. Leur intérêt est d’apporter de la liquidité au marché pétrolier: les industriels trouvent des acheteurs ou des vendeurs de pétrole à tout moment, ce qui n’est pas le cas sur le marché Spot. Mais leur forte progression dans les transactions de pétrole, a amené une plus forte volatilité des cours. Dans les périodes de crise, le prix du baril a pu ainsi s’éloigner exagérément, tant à la hausse qu’à la baisse, des fondamentaux du marché pétrolier.
Comment la Snh sélectionne-t-elle ses clients?
Toute société désireuse d’acheter du brut à la Snh doit obtenir préalablement un agrément. Pour obtenir cet agrément, elle doit fournir des éléments tels que les bilans des trois (03) derniers exercices fiscaux, le rapport annuel du dernier exercice, ses références bancaires et des justificatifs de son expérience dans le négoce du pétrole brut. L’exploitation de ces documents permet de de vérifier que la société possède une base d’actifs suffisants par rapport à la valeur des cargaisons de brut Camerounais, de connaître la composition de son passif, ainsi que le volume de son activité, et enfin de s’assurer de sa crédibilité financière et opérationnelle.
Entre 2016 et 2018, une partie des ventes de pétrole brut par la Snh se faisait par contrat de livraisons à terme, et le reste par appels d’offres. À partir de 2020, la politique commerciale de la Snh a changé pour ne privilégier que les appels d’offres.
- Comment la Snh procède-t-elle pour écouler le pétrole Camerounais sur le marché ?
Un contrat de livraisons à terme sur le pétrole brut est une convention entre un vendeur et un acheteur. Par ladite convention, le vendeur s’engage pendant une période donnée (un trimestre, un semestre, une anné), à livrer une cargaison de pétrole brut (400.000 barils, 500.000 barils etc…), selon un échéancier bien précis (par mois, par trimestre, par semestre), à l’acheteur qui est obligé de l’enlever.
- Comment sont fixés les prix des bruts Camerounais ?
Pendant la période sous revue, la valorisation des hydrocarbures produits sur le territoire national est définie par la loi n°99/013 du 22 décembre 1999 portant Code pétrolier et son Décret d’application n° 2000/465 du 30 juin 2000 (articles 91 à 94). D’après ces textes, le pétrole de référence pour la vente des bruts Camerounais est le brent, brut léger produit en mer du nord et coté à la bourse de Londres, l’Intercontinental Exchange (Ice).
La formule de prix de vente des bruts Camerounais prend en compte la moyenne arithmétique d’au moins 5 cotations moyennes successives du brent daté, à laquelle s’ajoute le différentiel négocié entre la Snh et son client pour chaque cargaison. Ce différentiel est déterminé en fonction de plusieurs paramètres tels que: la différence de qualité entre le brent, brut de type léger et les bruts Camerounais de type mi-lourd et lourd, la localisation géographique de nos terminaux par rapport aux ports de déchargement des cargaisons, la conjoncture qui prévaut au moment de la transaction (saisonnalité, demande effective pour le type de brut etc….). Les prix de vente de nos bruts sont donc arrimés à l’une des deux principales références internationales des marchés pétroliers et reflètent toujours l’évolution générale des marchés pétroliers internationaux.
Généralement, nos deux principaux bruts que sont le Lokélé (brut lourd) et le Kolé (brut moyen), présentent une décote (prix en deçà) par rapport au brent, alors que l’Ebome, brut de type léger, qui était généralement vendu avec une prime (surcote), a connu une forte dégradation de sa qualité, en raison de son mélange avec les condensats de Lng, à partir de 2018. Ce qui explique ses différentiels (décote) élèvés par rapport au brent.
La Société nationale des hydrocarbures est une société à capitaux publics, dotée de l’autonomie financière. Créée le 12 mars 1980, elle a pour mission de gérer les intérêts de l’Etat dans le secteur pétrolier et gazier. À ce titre, elle assure la promotion, le développement et le suivi des activités pétrolières et gazières sur l’ensemble du territoire national. Les recettes issues des ventes sont transférées au Trésor public après déduction des charges de production.
Ces transferts à eux seuls (hors impôts et dividendes) s’établissent à plus de 4.693 milliards FCFA entre 2011 et 2021. Au 31 décembre 2021, la Snh a dégagé une production nationale d’hydrocarbures, évaluée à 20, 828 millions de barils de pétrole au 31 octobre 2021, une production de gaz naturel d’un volume de 2002,09 millions m3, sur les 10 premiers mois de l’année 2022. Soit une hausse de 8,12%.
Sous la même période, l’entreprise a également effectué pour le compte de l’État, des ventes de pétrole et de gaz, d’un montant de 614,277 milliards de FCFA transféré au Trésor public (janvier à octobre 2022). Par ailleurs, l’entreprise a versé à l’État du Cameroun 15 milliards de FCFA de dividendes, 9,317 milliards de FCFA d’impôt sur les sociétés, et 3,426 milliardsde FCFA de divers impôts et taxes.