Un collectif d’artistes Camerounais appartenant à différents syndicats, ont engagé une campagne de recouvrement de leur droit d’auteurs et voisins auprès des entreprises qui utilisent leurs oeuvres sans reverser le moindre kopek. Ce, en violation flagrante et impunie de la loi Camerounaise. Guinness Cameroun fait particulièrement montre de mauvaise foi contrairement aux autres entreprises brassicoles débitrices.
Les batailles observées au sein de la sphère du droit d’auteur de l’art musical camerounais ont fortement contribué à cette absence de paiement des entreprises brassicoles opérant au niveau national. Mieux encore, la déstabilisation de la Cameroon music corporation (CMC) de Sam Mbende. Ce, malgré le droit et la justice, qui ont toujours été en faveur de cette société de gestion collective du Cameroun. Néanmoins, la situation semble avoir évoluée, depuis que les artistes parlent d’une même voix. En effet, regroupés autour de leurs syndicats et associations, avec le soutien du gouvernement et du Ministre des arts et de la culture (Minac), Ismaël Pierre Bidoung Mpkatt, ils ont porté leur projet de recouvrement, desdits droits auprès du groupe Sabc, Ucb, Guinness Cameroun SA et autres sociétés. L’on note une organisation très structuree et des stratégies bien pensées. La commission de recouvrement dont, l’artiste Sam Mbende est membre, a déjà entamé des démarches utiles auprès des entreprises à l’instar de Guinness Cameroun SA, Sabc, Ucb etc..Certaines se sont montrées ouvertes et ont opté pour le dialogue. C’est le cas de la Sabc qui a versé environ 600 millions de FCFA, faisant d’elle le leader, qui en près de 17 ans, aura payé environ 2 milliards de FCFA. Ce qui n’est de Guinness Cameroun SA, qui sur la même période n’a versé que 23 millions de FCFA, et propose la somme de 300 millions de FCFA.
Somme jugée dérisoire par les artistes et le gouvernement camerounais, comptant pour 4 modes d’exploitation. Il en est de même pour UCB, qui en 20 ans, propose un montant de 200 millions de FCFA, pour deux modes, à savoir, le comptage et les séances occasionnelles. Les discussions restent ouvertes pour les véhicules publicitaires et les retenues à la source. Mais contre toute attente, Diageo Guinness Cameroun n’a toujours pas versé le moindre kopeck, malgré toutes les tentatives de négociations sollicitées par les syndicats des artistes, qui jusqu’ici se montrent disponibles et favorables à une sortie de crise sans heurts, ni incidents. Malgré la main tendue des producteurs des œuvres de l’esprit, Diageo Guinness Cameroun fait la sourde oreille, ou alors ne semble pas mesurer l’ampleur des revendications fondées de ce corps de métier.
Les faits
Au mois de décembre 2021, Diageo Guinness SA commet un communiqué suite aux alertes de boycott des produits de cette entreprise, lancée dans les réseaux sociaux par des artistes indignés, dont certains ont interpellé la Reine d’Angleterre, Elisabeth II, afin que celle-ci fasse un plaidoyer auprès des dirigeants de la filiale britannique installée au Cameroun depuis 50 ans. Ledit communiqué était authentique, car signé par Andrew Ross, le Directeur général de cette entreprise brassicole, et frappé du sceau de Guinness Cameroun.
Il reconnaissait la dette, et a entrepris des pourparlers avec les syndicats d’artistes, et des Organismes de Gestion Collective, mais ne s’étaient pas accordés sur le montant total et définitif à payer. Car jugé par Guinness Cameroun, exorbitant et n’ayant aucune base juridique. La pression des artistes se faisant de plus en plus forte, la société brassicole se retrouve de nouveau sur la table des discutions avec les indignés. Cette fois, le discours est plus apaisé et digne d’une entreprise citoyenne qui reconnait sa dette. Un autre document signé, avec l’entête et cachet de Guinness SA, n’a malheureusement pas été endossé par une quelconque personne physique. Cette fois, la lettre adressée à la Commission de recouvrement de droit d’auteurs indique qu’ils sont prêts à payer un taux forfaitaire de 301 millions de FCFA, représentant la dette impayée du droit d’auteurs et voisins pendant plus de 15 ans. L’entreprise mise en cause s’est dite, prête à effectuer le versement de ce montant, dès que le document leur est retourné et signé par les personnes compétentes du mouvement de revendication. Sauf que, des voix s’élèvent pour dénoncer «une somme arrêtée de manière unilatérale par l’entreprise brassicole».
La pomme de discorde
«En 17 ans, la Sabc a payé 2 milliards de FCFA, UCB s’est acquitte de plus 50% des 200 millions de FCFA, il n’est pas possible que Guinness Cameroun veule payer seulement 301 millions de FCFA sur la même période. Quand on connaît l’utilisation abusive et abondante qu’ils font des œuvres et artistiques», s’indigne Sam Mbende, joint au téléphone. Pour ce dernier, «Guinness Cameroun peut faire mieux, il suffit d’une volonté managériale». Une source crédible et digne de foi, nous confie que le Directeur général de Diageo Guinness Cameroun, serait prêt à réévaluer l’enveloppe, mais certains de ses collaborateurs aux intérêts non-avoués, manœuvrent pour mettre à dos les artistes contre cette entreprise. Le doigt accusateur est pointé sur le service juridique. Car, selon les mêmes sources, «de jeunes dames de ce département se seraient lancées dans une opération canapé pour retourner les membres de la commission de contrôle afin que cette affaire ne connaisse une suite favorable aux artistes. Elles auraient parfois, invités certains membres de la commission de contrôle dans les hôtels».
Dans une enquête minutieuse menée par votre site d’informations, la tête d’Andrew Ross serait mise à prix, au motif qu’il est venu fermer les robinets, donc est devenu trop gênant pour ceux qui, jusqu’ici, étaient passés maîtres dans des moeurs légères et malversations financières au sein de l’entreprise. «Nous sommes prêts à accepter la somme de 500 millions de FCFA, pour arrêter toute procédure. Nous ne sommes pas des vont-en guerre, nous voulons que nos droits soient simplement payés. Dans la somme que nous réclamons à Guinness, les véhicules publicitaires ne sont pas pris en compte, ni les casiers vendus », poursuit Sam Mbende.
Menaces des artistes
Après une réunion tenue secrète par les initiateurs, le mouvement des artistes a pris les résolutions. L’une d’elles porte sur le blocage systématique de toutes les entrées et sorties de camion de l’usine, jusqu’à ce que le Directeur général signe le document de paiement du montant réclamé. «Ce Directeur général n’assiste jamais à la réunion tripartite, et c’est un mépris contrairement à celui de la Sabc. La mobilisation sera faite après la Can 2021, les artistes de tous les coins du Cameroun sont en train d’être mobilisés pour faire masse et blocus. Les 301 millions que Diageo Guinness Cameroun sont insuffisants, et ils devront intégrer les voitures publicitaires et recalculeront ce qu’ils doivent», prévient Sam Mbende. Toutefois, les artistes se disent ouverts à toutes forme de pourparlers, et invitent par ailleurs une dernière fois Andrew Ross, à ne pas se laisser embrigader, ni manipuler. Car au regard de la situation, certains de ses collaborateurs manœuvrent pour l’induire en erreur. «Mais, si d’ici là, si rien n’est fait pour une sortie de crise, nous serons obligés de mettre en application nos actions, à nos coeurs défendant. Diageo Guinness Cameroun reste un partenaire, ce qui serait dommage», se désolent les artistes.
Félix Beda