(Ripostes,Georges Semey). L’audience accordée à Paris en mars 2024, par le Président Centrafricain, en séjour en France, à Enguerrand Rochefort (repreneur des stations-service TotalEnergies), Président Directeur général du groupe bancaire Rochefort international, n’aura finalement pas débouché sur un apaisement. La pénurie de carburant persiste dans ce pays voisin du Cameroun, où le Président directeur général de Neptune Oil est l’importateur exclusif de produits pétroliers et gaz domestique depuis septembre 2023.
En effet, l’homme d’État et l’homme d’affaires avaient pris langue à propos de la situation controversée des stations-service Tamoil (TransAfricaMarket Oil, ex-Total racheté par Rochefort international), en République Centrafricaine. Propriétaire de ces plateformes, le groupe Français peine à mener sereinement ses activités après cette grosse opération commerciale.
Les choses se sont précipitées depuis quelques heures. Car, le Gouvernement Centrafricain a décidé ce 5 juin 2024, de réquisitionner, six (6) stations-service Tamoil, sur les onze (11) constituant son réseau dans la ville de Bangui. Elles ont été confiées pour une période de 45 jours, à des gérants désignés par le Gouvernement Centrafricain. La mission principale de ces nouveaux gestionnaires, est de « veiller à l’approvisionnement constant des stations-service réquisitionnées, de payer les salaires du personnel et de contribuer au paiement des taxes », d’après le communiqué rendu public par Arthur Piri, le Ministre Centrafricain en charge du Développement de l’Énergie et des ressources hydrauliques.
Que s’est-il réellement passé entre le Gouvernement Centrafricain et l’opérateur Français? De sources dignes d’intérêt, il est reproché à l’entreprise Tamoil d’avoir manqué à ses obligations d’approvisionnement de ses stations-service. Comme mentionné dans un courier adressé le 3 mai 2024 signé par Arthur Bertrand Piri, qui avait déjà infligé une amende de 200 millions de FCFA (soit environ 300.000 euros) à la société hexagonale. Cette situation, d’après le membre du Gouvernement Centrafricain, cause «des dommages importants sur le plan économique, financier et social» de la Rca.
À Tamoil, on affirme clairement que le défaut d’approvisionnement en produits des hydrocarbures ne relève pas de l’entreprise. Mais de la société Neptune Oil, détenue par le Camerounais Antoine Ndzengue, qui a obtenu l’exclusivité des importations à travers la signature le 29 septembre 2023, avec l’Etat Centrafricain, d’une convention exclusive de fourniture en produits pétroliers et gaz domestique. Neptune Oil est en effet mandant pour le compte du Gouvernement Centrafricain, dans ces prestations, jusqu’en 2033, soit sur une période de 10 ans.
Pour résoudre la crise actuelle, les autorités Centrafricaines ont opté pour leur partenaire stratégique Camerounais, afin de renflouer le pays en gasoil et essence. Net, au moment où se renforce la filière clandestine avec des importations frauduleuses massives en provenance de la République Démocratique du Congo (Rdc), via la localité de Zongo, frontalière à Bangui, capitale de la Rca. Conformément à la convention signée avec le Gouvernement Centrafricain (amélioration des capacités de dépotage au dépôt de Kolongo, dépotages instantanés de barges et camions-citernes, augmentation quotidienne de la capacité de dépotage camions-citernes etc…), Neptune Oil devra donc rétablir les équilibres de stocks et normaliser les approvisionnements.
Antoine Ndzengue, actionnaire au sein de Tamoil et partenaire stratégique, est ainsi partagé entre le difficile et insuffisant approvisionnement des produits pétroliers par route depuis le Cameroun, et la pression des autorités Centrafricaines, avec en toile de fond, un conflit juridico-financier entre Tamoil et l’État Centrafricain. De bonnes sources, l’actuelle insuffisance de stock dans les stations-serviceTamoil, provient également du retard pris par la filiale Française, dans son déploiement dans le pays, précisément à Bangui, plus de deux (2) mois après l’opération de rachat des actifs TotalEnergies. Sur place, le Gouvernement Centrafricain a procédé à la fermeture des succursales Tamoil Rca, qui continue d’afficher les enseignes TotalEnergies, et réclame une importante somme à l’entreprise hexagonale. «Un simple besoin de mise en conformité administrative», apprend-on de Tamoil.
Mais le Ministre Centrafricain de l’énergie rassure: «Il n’y a pas de pénurie de carburant dans le pays. Les produits sont disponibles à Kolongo », a-t-il indiqué récemment. Insisant le rôle trouble joué par TotalÉnergies: « … La situation de dette créée par la société Total mettant en difficulté Tamoil qui a racheté ses actifs et passifs. Depuis que le Gouvernement a confié la charge de l’importation des produits pétroliers à un mandataire, la société Neptune, il n’y a pas de problème de ravitaillement. Car, aujourd’hui nous avons un seul importateur qui nous apporte l’ensemble de produits. L’avantage est que, nous avons maitrisé le flux d’importation et contrôlé cette importation. Avant, c’était tout le monde qui importait les produits et on ne maitrisait rien, L’importance est qu’il y a des produits disponibles dans les dépôts de stockages à Kolongo. Le problème est le départ de Total sur le point de pied en laissant des dettes qui font que la nouvelle société Tamoil qui est venue, ne dispose pas suffisamment de ressource pour acheter des produits», expliquait récemment Bertrand Arthur Piri.
L’homme d’affaires Camerounais Antoine Ndzengue se retrouve ainsi dans un rôle central, mais inconfortable, entre le Gouvernement Centrafricain, Tamoil et TotalÉnergies.