22 novembre 2024

Rareté des produits pétroliers: le Directeur général de la Scdp donne sa position

Mme. Véronique Moampea Mbio née Manzoua s’est exprimée sur la crise actuelle. La Société camerounaise de dépôts pétroliers (SCDP) est, en effet, un acteur majeur du processus de distribution desdits produits sur toute l’étendue du territoire national. Ripostes.net vous livre en exclusivité l’interview accordée par la manager, ce 13 juillet 2022.

«La Scdp n’est pas un producteur, ni un vendeur, elle n’est pas non plus un importateur…»

  • Comment expliquer cette situation de crise des produits pétroliers

Le Cameroun est approvisionné par voie d’importation. Depuis mai 2019, notre outil de production a été endommagé par un incident qui a paralysé toutes les colonnes de distribution permettant d’avoir des produits raffinés à partie de notre raffinerie, la Sonara. Le gouvernement a mis en place rapidement, un schéma d’approvisionnement des importations qui a pris effet à partir de mai 2020, par appel d’offres. Cette situation était sans compter avec la situation internationale actuelle. Le Cameroun est approvisionné via la Sonara et par d’autres importateurs par des traders qui nous apporte les produits, et le livre progressivement en fonction des enveloppes et des disponibilités financières, mais aussi en fonction de la capacité financière de chaque importateur.

  • Quelle est la responsabilité de la Scdp dans cette crise, et quelle place occupe-t-elle dans le schéma d’approvisionnement en produits pétroliers ?

La Scdp n’est pas un producteur, ni un vendeur. La Scdp n’est pas non plus un importateur. Elle intervient uniquement dans la chaîne logistique, c’est à dire dans le stockage et la distribution, à partir du dépôt principal de Douala, vers les dépôts intérieurs. Par conséquent, les produits disponibles dans les backs de la Scdp appartiennent aux marketers qui ont acheté les produits auprès des importateurs. Il arrive que les marketers soient en même temps importateurs. Mais ce sont deux activités bien différentes : importation et distribution. Ensuite, la Sonara intervient. La Scdp reçoit les produits de ces marketers et des importateurs à partir de la Sonara. Donc, le responsabilité de la Scdp réside, donc en ce qu’elle doit gérer, en bon père de famille, les stocks qui lui sont confiés. Id est, ce que nous avons, nous le mettons à la disposition du marché et des consommateurs. La Scdp n’intervient que pour redistribuer les stocks dont nous assurons la garde. L’autre garde est destinée au stock de sécurité pour l’État. La Scdp est un entrepôt.

  • Qu’est-ce qui justifie réellement la crise actuelle qui ne concerne pas seulement le Cameroun ?

Je dois dire que depuis l’avènement de la Sonara, nous sommes à la merci des aléas internationaux. Le Cameroun est fragile en ce qui concerne l’approvisionnement en produits pétroliers. La seconde raison c’est la rareté des devises. Les importations des produits pétroliers restent un aspect très important de la sortie des devises du pays, et nous amène à un déséquilibre sur la balance commerciale. Il y’a 6 mois une cargaison de 10 à 12 tonnes métriques de produit coûtait 5 millions de dollars. En raison de la crise Ukrainienne, de la rareté des produits, la même cargaison coûte aujourd’hui 15 millions de dollars. Vous comprenez sous quelles pressions, la Beac se trouve, en même temps que les autres banques en termes de financement d’un tel volume d’activités économiques. La situation économique du Cameroun est la même dans toute la zone Afrique centrale.

Par ailleurs, Il arrive que certains marketers n’aient pas la possibilité de financer leur approvisionnement en produits pétroliers, mais aussi, ont des difficultés à lever les lettres de crédits qui permettent d’acheter le produit auprès des traders. Lorsque je disais qu’une cargaison est passée du simple au triple, cela veut dire que les lignes de crédits que les banques allouent aux différents importateurs sont largement dépassées. Ves banques qui se refinancent également auprès de leurs banques-mères du fait de cette pression. Le mécanisme d’approvisionnement des produits pétroliers en fonction de la situation du marché international entraîne ce que nous appelons aujourd’hui «le manque à gagner de l’État».

Le Ministre de l’eau et de l’énergie a récemment indiqué que la subvention de l’État est passé de 80 milliards de FCFA à 317 milliards de FCFA au premier semestre 2022. Ce qu’il faut expliquer, c’est que le consommateur sache qu’au mois de juillet 2022, pour chaque litre de gasoil, vous le payez dans les stations services à 575 FCFA. Pour chaque litre, le gouvernement à travers les instructions du Président de la République, paie 778 FCFA par litre. Pour le super, le gouvernement paie 643 FCFA. Quant au Pétrole lampant que nous achetons à Douala à 350 FCFA par litre, le gouvernement débourse 758 FCFA. Soit plus du double. Alors devant cette situation, les finances publiques sont également sous pression. C’est plus de 600 milliards de FCFA, d’ici la fin d’année.

  • Quelle est la situtaion des approvisionnements aujourdhui?

Au niveau de Douala, dès que nous avons des produits, nous alimentons immédiatement. Mais à cause de la distance, les délais seront retardés de 24h pour Yaoundé. Nous appelons à la patience des populations. Le Président de la République s’est engagé à subventionner les produits pétroliers, il faut que nous l’accompagnions dans cet élan. La situation va s’améliorer dans les prochains jours, et comme le Ministre de l’eau et de l’énergie disait, au niveau de Limbe, nous disposons actuellement d’un navire de 28.000 m3 de super, et de 88.000 m3 de gasoil en attente de déchargement si les conditions financières sont remplies. Au niveau du large ici, nous sommes entrain de décharger progressivement environ 17.000 m3 de gasoil, 15.000 m3 de super, et 12.5000 m3 de jet A1. Au moment où je vous parle nous sommes entrain de faire entrer un navire de gasoil.

  • Madame le Directeur général, nous observons ça et là, des ventes et dépôts clandestins de produits pétroliers. Qu’en dites vous?

Nous l’observons aussi la prolifération des points de vente de carburant dans les grandes villes dans des conditions de sécurité improbables. Il n’est pas nécessaire de faire des stocks de carburant, car vous ne pourrez pas les garder pendant un certain moment. Nous appelons les consommateurs à se ravitailler dans les points de vente agréés dans la discipline.

Propos recueillis par Gad Samy

Laisser un commentaire