SMID S.A: Les 4 milliards de FCFA d’Ecobank dépensés sans réalisations
C’est la substance d’une note d’information de Maurice François Njoh, l’Administrateur provisoire de la Société métropolitaine d’investissement de Douala. Ce dernier annonce par ailleurs, un audit sur la nature des dépenses faites.
Arrivé à terme le 12 août 2021, le mandat d’administration provisoire de Maurice François Njoh a finalement été prolongé par une Ordonnance n°1105 du 12 août 2021. Cette prorogation intervient après l’introduction auprès du Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo, d’une requête aux fins de prorogation. L’expert financier avait en effet été désigné à la tête de la Société métropolitaine d’investissement de Douala (SMID) par une précédente Ordonnance n° 68/HH du Tribunal de première instance de Douala-Bonanjo. Avec pour missions de convoquer l’Assemblée générale ordinaire à l’effet de statuer sur les comptes des exercices clos écoulés, procéder à la nomination d’un nouveau président du conseil d’administration, au renouvellement des mandats des administrateurs, le cas échéant, à leur remplacement, faire un audit exhaustif des comptes de la société sur la période allant du 17 août 2018 au 31 décembre 2020.
Procédure d’alerte
Maurice François Njoh a effectué une sortie par note d’information en vue de «résumer très sommairement les faits qui ont émaillé le fonctionnement de la société depuis sa mise sous administration provisoire», indique-t-il.
Ainsi, mentionne la note, «le 15 février 2021, ma désignation en qualité d’Administrateur provisoire, j’ai été notifié d’une requête aux fins de défenses à exécution introduite à la Cour d’appel du Littoral par les anciens dirigeants de la Smid S.A en vue d’empêcher la mise en œuvre de l’ordonnance. Malgré l’introduction de cette requête, j’ai démarré la mission et posé des actes importants». Maurice François Njoh énumère point par point les actes évoqués. Il s’agit précisément de la collecte des informations, la recherche documentaire, l’élaboration des états financiers des exercices 2019 et 2020, une plainte au pénal avec constitution de partie civile en date du 2 juillet 2021 contre les anciens dirigeants de la Smid. «Pendant toute la durée de la procédure devant la Cour d’appel, la mission a été en très grande partie paralysée à cause de l’absence des moyens financiers nécessaires à son exécution. En effet, l’accès aux comptes et plus particulièrement à ceux d’Ecobank m’a systématiquement été refusé y compris la mise à disposition des relevés bancaires», fait observer l’Administrateur provisoire.
Qui fait état du rejet de l’action introduite par les anciens dirigeants de la Smid S.A auprès de la Cour d’appel du Littoral par Arrêt n° 184/DE du 25 juin 2021. Durant le semestre d’administration provisoire, le Commissaire aux comptes a procédé, le 19 mars 2021, au lancement d’une procédure d’alerte, ainsi qu’à la révélation au Procureur de la République près le Tribunal de Grande instance du Wouri, de faits délictueux à l’encontre des anciens des anciens dirigeants de la Smid S.A. Concernant les comptes des exercices clos écoulés avant sa prise de fonction, Maurice François Njoh affirme avoir finalement reçu, le 15 septembre 2021, une réponse d’Ecobank Cameroun. La banque fournira les historiques des comptes bancaires pour la période allant du 1er janvier 2019 au 31 août 2021: «le montant global des soldes des comptes au 31 août s’élève à 26.152.277 FCFA», précise l’Administration provisoire de la Smid S.A.
Infractions
L’examen des historiques révèle ainsi, qu’au cours de la période allant du 12 février 2021 au 31 août 2021, Ecobank Cameroun a procédé à des décaissements d’une somme globale de 115.910.722 FCFA au profit des anciens dirigeants de la Smid S.A. Ce que l’équipe de Maurice François Njoh considère comme «un agissement constitutif de plusieurs infractions en Droit pénal. Je dois surtout porter à votre connaissance que la situation apparente de la Smid S.A à ce jour montre, qu’après deux ans de fonctionnement, l’intégralité des 4 milliards de FCFA levés lors de sa constitution a été dépensée sans réalisation des ouvrages dont les contrats ont été signés avec des maîtres d’oeuvre», s’indigne l’Administrateur provisoire. La Smid est dotée d’un capital de 3,4 milliards de FCFA. Son capital est constitué à hauteur de 804 millions de FCFA détenus par la Communauté urbaine de Douala (Catégorie A, 23%), de 349,5 millions de FCFA détenus par les entreprises du secteur public (Catégorie B, 10%), de 30% par les entreprises du secteur privé et les associations (Catégorie C) à hauteur de 1,05 milliards de FCFA, et des personnes physiques (Catégorie D) à conccurence 1,2 milliards de FCFA, soit 37% du capital.
Quatre projets pilotes figuraient dans le cahier des réalisations de la Smid S.A. Il s’agit de la réhabilitation du marché New-Deido pour un montant de 5,1 milliards de FCFA, la construction d’une forêt urbaine et d’un centre de loisirs, à la Place de La Besseke de Bonanjo à hauteur de 2,2 milliards de FCFA, dont 1,7 sous financement Smid, un centre commercial à Bonamoussadi pour une enveloppe de 10,1 milliards de FCFA (4,8 milliards de FCFA financés par les fonds Smid). Soit un total de projets pilotes évalué à 16,4 milliards de FCFA, avec des déblicages Smid de l’ordre de 8,3 milliards de FCFA. «Dans les prochains jours, seront effectués les missions d’audit exhaustif et de commissariat aux comptes, aux fins de révéler la nature des dépenses faites par les gestionnaires au cours de leur mandat. À l’issue de ces missions, l’Assemblée générale ordinaire sera convoquée à la fin du mois de janvier 2022 pour la présentation des états financiers au titre des deux exercices clos respectivement au 31 décembre 2019 et au 31 décembre 2020, et aussi pour la nomination des administrateurs», promet Maurice François Njoh.
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