22 novembre 2024

Drogue: un business florissant à Douala

Porte d’entrée du Cameroun, la capitale économique camerounaise est devenue la plaque de la vente et la consommation de produits stupéfiants. Bien que les réseaux d’approvisionnement soient bien connus, le phénomène reste incontrôlable. Il est alimenté par un réseau bien organisé qui génère annuellement de milliards de FCFA.

Le 5 avril 2022, les éléments de la Douane camerounaise interceptaient dans la localité de Kyé-Ossi, Région du Sud, 1 kilogramme de cannabis. Auparavant, le 17 septembre 2021, à Magada, dans la Région de l’Extrême-Nord, les agents de la Douane ont saisi 100 kilogrammes de drogue du même type. À l’instar des régions du Centre et de l’Extrême-Nord, toute l’étendue du territoire national est concernée par ce phénomène. De sources policières, les réseaux d’approvisionnement sont bien identifiés. Les filières nigérianes, asiatiques et européennes arrosent périodiquement le marché camerounais de la drogue. Par voie arienne, maritime ou fluviale, et terrestre. Douala, la capitale économique du Cameroun fait office de plaque tournante de vente et de consommation des produits psychotropes. 

Les zones de ravitaillement

Les points d’entrée de ces produits sont répertoriés par les forces de l’ordre et la Douane camerounaise. Il s’agit particulièrement de la pénétrante Ouest (en provenance des régions du Nord-ouest, de l’Ouest et du Sud-ouest), la pénétrante Est (en provenance des régions du Centre, du Sud et de l’Est). Des petits villages situés sur les berges du fleuve Wouri constituent également de foyers de ravitaillement en drogues (Cannabis et Tramadol): le village Bwadibo (entre Bonaberi et Dibombari), le débarcadère artisanal du lieu-dit «Port de Marseille», à Akwa-Nord dans l’Arrondissement de Douala 1er, Youpwe dans l’Arrondissement de Douala 2ème, et Mbanga Pongo à Douala 3ème.

Les dealers sont également bien identifiés par les sources policières. Les quartiers Bonapriso ou Akwa, dans l’Arrondissement de Douala 1er, Makea ou New-Bell dans l’Arrondissement de Douala 2ème, Dakar, Ndogpassi et Bassa dans l’Arrondissement de Douala 3ème, Bonaberi dans l’Arrondissement de Douala 4ème, Makepe et Bonamoussadi dans le 5ème Arrondissement de Douala.

Si le fléau concerne toutes les tranches d’âge, il frappe majoritairement les jeunes (80%). Des études, démontrent en effet, que la consommation des produits psychotropes est de plus en plus répandue, depuis 2015. Une,étude réalisée en milieu scolaire par l’équipe du Dr. Vanessa Njewel, Médecin, épidémiologiste à Medcamer, dévoile que plus de 90% de jeunes de plus de 15 ans ont consommés le cannabis ou le Tramadol. Dans cette fourchette, 81% de garçons avouent avoir consommés de la drogue à l’âge de 17 ans. La seconde étude a été réalisée par les responsables du District de santé de Bangue, auprès de 15 collège et lycée dudit District de santé. Soit un échantillon de 1587 jeunes sondés, inscrits des classes de 3ème, 2nde, 1ère et Terminale, et dont l’âge moyen se situe à 17 ans. 

De milliards de FCFA générés

Les résultats confirment la forte tendance juvénile à la consommation de la drogue. Selon le Dr. Mireille Nanga, Chef de ce District de santé , 4/10 élèves interrogés sous anonymat avouent avoir consommés de la drogue. Soit un taux de 34%, dont 68,2% de sexe masculin. Les résultats des études dévoilées par le Dr. Mireille Nanga, renseignent sur les drogues les plus prisées par les jeunes: le cannabis (50% de taux de consommation), le tramadol (29%), l’amphétamine et la cocaïne (20%), l’héroïne et autres (1%). Le Dr. Vanessa Njewel y ajoute le «Diazepam», l’écorce nommée «Iboga», les champignons hallucinogènes encore appelés «Tapioca», le «caillou» ou «la colle», de grande réputation pour les initiés psycho-actifs. Une enquête conduite en 2019 par le Ministère de la santé a montré qu’environ 12.000 jeunes entre 13 et 15 ans disent avoir déjà consommé au moins une fois du cannabis. Les statistiques du Comité national de lutte contre la drogue (Cnld) assurent que 21% de la population camerounaise en âge scolaire a déjà consommé de la drogue. 

Drogue la plus consommée, le cannabis est également moins onéreux pour ses sujets addictifs. Pour 500 FCFA, on obtient 10 grammes du produit. Qui se vend également par joint, entre 100 FCFA et 250 FCFA. Quand au Tramadol, son accès facile fait de lui, la drogue la plus abordable, disponible à 100 FCFA, la capsule ou le comprimé. Quant à la cocaïne, 1 gramme s’écoule entre 7000 FCFA et 10.000 FCFA. Pourtant, les chiffres exacts sur l’économie de la drogue ne sont pas disponibles. Mais d’après le Comité national de lutte contre la drogue, le business au marché noir des stupéfiants (culture du cannabis incluse) génère plusieurs milliards de FCFA de chiffre d’affaires. 

Georges Semey

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