D’après les témoignages, l’animateur tentait de trouver refuge dans un poste de Gendarmerie au moment où il était pourchassé par ses futurs bourreaux. Entre cris et complaintes, il sera happé par ces derniers, esseulé.
Ses centaines d’auditeurs ne l’ecouteront plus depuis le siège des institutions du Cameroun. La voix de l’animateur radio Martinez Zogo de la radio urbaine Amplitude FM est désormais brutalement inaudible. Annoncé pour disparu après son enlèvement spectaculaire par des hommes cagoulés, inconnus jusqu’ici, son corps mutilé en état de putréfaction avancée, a finalement été retrouvé à Soa, une banlieue de Yaoundé. Ce 22 janvier 2023, 6 jours après.
En attendant que la lumière soit faite sur cette affaire qui connaîtra certainement des rebondissements, le Gouvernement Camerounais condamne avec « la plus grande fermeté cette attaque dirigée contre un homme de média, et réaffirme que le Cameroun est un Etat de droits où les libertés sont garanties y compris les libertés de la presse et nul peut et doit se substituer aux juridictions compétentes pour se rendre justice », a précisé le membre du gouvernement.
Cet acte odieux perpétré sur le sol camerounais en direction des hommes de médias, est une récidive, un crime de trop qui ne doit rester impunis. Même si son style et sa liberté de ton a agaçait plus d’un. La presse dans son immense majorité est écoeurée par ce tragique événement. Malgré les assurances administratives et judiciaires du Ministre de la communication René Sadi, l’onde de choc est de large spectre, et le tollé général assourdissant.
Confrères, personne lambda, parents, amis, connaissances, partis politiques, société civile, syndicats etc….condamnent avec la dernière fermeté l’acte odieux de Yaoundé. Demandent par ailleurs justice, après ce crime débordant de la macabre série enregistrée depuis quelques années. « Des recherches actives se poursuivent dans le cadre de l’enquête ouverte, pour retrouver et traduire devant la justice, les auteurs de ce crime odieux, inqualifiable et inadmissible, et qui ne peut se justifier sous aucun prétexte », souligne René Sadi dans son communiqué du 22 janvier 2023, au nom du Gouvernement.
Toutefois, malgré ces assurances et cet engagement des pouvoirs publics, des questions pertinentes fusent et demeurent: Martinez Zogo est-il victime d’un crime crapuleux ou d’une mission expéditive punitive? Sa mort est-elle liée à son engagement professionnel? Devraient-on exclure des probabilités familiales? c’est celle de l’enquête ouverte sera-t-elle revêtue de son objectivité, sa sincérité? Ses conclusions feront-elles suite? De dizaines d’interrogations enrobent ce drame, d’une brumeuse enveloppe.
Autre question fondamentale, Martinez Zogo a-t-il été lâché par non-assistance à personne en danger par la Gendarmerie nationale? D’après divers témoignages, l’animateur tentait de se réfugier dans les locaux d’un poste de Gendarmerie, poursuivi par ses futurs tortionnaires criminels.Si les faits sont avérés, ll s’agira tout simplement d’un grave laxisme de la part des agents de cette force publique. À suivre.
Gad Samy