Afrique centrale: la Ceeac et la Cemac en crise

(Ripostes,Georges Semey). Alors que l’Angolais Gilberto da Piedade Verissimo, le Président de la Ceeac, est sous le coup d’une motion de carence à examiner par les Chefs d’État ce 9 mars 2024, un rapport d’audit impliquant d’anciens hauts responsables de la Commission de la Cemac crée de profondes divisions entre les pays membres.

« Le Conseil a réitéré le respect du principe du contradictoire er du droit à la défense ». Ainsi est relevé la solution transactionnelle qui figure dans le communiqué final de 41ème session du Conseil des Ministres de l’Ueac, l’Union économique de l’Afrique centrale tenue le 22 février à Bangui en Centrafrique, à propos d’un dossier brûlant au sein de la Cemac. En effet, l’année 2023 a été marquée en octobre et septembre, par les résultats d’un audit sur la gestion administrative, financière et des ressources humaines par d’anciens dirigeants de la Cemac.

La position de l’Ueac se révèle être une mesure conservatoire de la Commission de la Cemac sur ce rapport d’audit qui crée un malaise dans la sous-région. Les nouveaux responsables de cette Commission présidée depuis le 17 novembre 2023, par l’Equato-Guinéen Baltazar Engonga Edjo’o, avait en effet commandité un audit, qui a révélé de graves et importantes malversations financières et des actes de favoritisme imputables à d’anciens responsables.

La République Centrafricaine qui est dépositaire de ce dossier entend pourtant jouer la carte de la diplomatie auprès des pays dont les responsables sont signataires. Bangui dont le Président assure l’exercice de la Cemac, envisage ainsi, effectuer les démarches nécessaires auprès des États membres concernés, « pour un traitement approprié de ce dossier », apprend-on.
Toutefois, il apparaît clairement que la gestion du Gabonais Daniel Ona Ondo, Président de la Commission de la Cemac pendant 6 ans, jusqu’en 2023.

Notons que l’audit ordonné par l’actuel Président de la Commission de la Cemac porte sur la gestion du Gabonais Daniel Ona Ondo, sur ses cinq dernières années passées à la tête de la Commission de la Cemac. Des actions disciplinaires et pénales pourraient être engagées contre les responsables épinglés dans ce rapport pour malversations, détournements, concussions ou enrichissements illicites constatés.

Comme au sein de la Commission de la Cemac, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) est également secouée par une crise interne. Sur la sellette, l’Angolais Gilberto da Piedade Verissimo, le président actuel. D’après des sources dignes de foi, des rapports confidentiels indiquent que ce dernier est sous le coup d’une motion de carence, qui signifie que le Président de la Ceeac n’a pas exécuté ses missions, conformément à son cahier de charges. «Cela montre qu’il n’est pas à sa place et n’a pas les compétences suffisantes», confie un cadre de la Commission.

En effet, Gilberto da Piedade Verissimo avait pour missions à son arrivée à la tête de la Ceeac en 2020, de procéder à l’adoption
d’un règlement intérieur de la Communauté, de spécifier les tâches de plusieurs hauts responsables. Ce que l’Angolais n’aura pas effectué à date. Il est également reproché au Président de la Ceeac, une gestion à la fois autoritaire et opaque, en violation des procédures, des incidents diplomatiques, un fonctionnement interne de plus en plus désorganisé etc…

On apprendra des mêmes sources que le sort de Gilberto da Piedade Verissimo a été examiné ce 6 mars 2023 par les Ambassadeurs des États membres, avant les ministres. Enfin, les chefs d’États devront trancher définitivement sur la question ce 9 mars 2024, lors d’un sommet réunissant les États membres. Ainsi, si la motion de carence est adoptée, il est possible pour Gilberto da Piedade Verissimo de démissionner, de l’avis de certains diplomates et spécialistes.