14 mai 2024

Cabotage des produits pétroliers: la Sonara désignée pour sécuriser les recettes du Port autonome de Douala  

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La décision signée le 18 août 2023 par Cyrus Ngo’o, le Directeur général du Port autonome de Douala, confie à cette entité, les pouvoirs de recouvrer les frais portuaires, auprès des entreprises qui effectuent des opérations au terminal pétrolier de Cap Limboh à Limbe. Ce, pour les exercices 2020 et 2021. Toutefois, l’on s’interroge sur les capacités de la Sonara à relever ce challenge, elle-même en proie, à des difficultés financières depuis 2019.

C’est désormais la Société nationale de raffinage (Sonara) qui aura la charge de la sécurisation des recettes portuaires relatives au remorquage et au lamanage, dans le cadre du cabotage des produits pétroliers entre le Port de Limbe et celui de Bonaberi. C’est la substance d’une note signée par Cyrus Ngo’o, le Directeur général du Port autonome de Douala. Plus concrètement, la Sonara, donneur d’ordre des opérations de cabotage, procèdera à un recouvrement, par rétention à la source, des frais portuaires générés par les activités de remorquage et de lamanage de différents prestataires, entre ces deux places portuaires. 

D’après un responsable du Port autonome de Douala, l’institution portuaire adressera « ses factures aux caboteurs relativement aux différents services portuaires dont ils sont bénéficiaires dans leurs opérations ». Notons qu’en août 2020, les Directeurs généraux des Ports autonomes de Douala et de kribi avaient signé une décision conjointe portant création d’une équipe-projet, en vue de l’organisation d’un service de cabotage maritime entre les trois ports de Douala-Bonaberi, Kribi et Limbe. Parmi les missions assignées à cette Équipe-projet, figurait la définition de la conduite du processus de sélection du partenaire technique au projet, et de définir les modalités de participation des parties prenantes publiques et privées au projet, en tenant compte de ses différentes phases, entre autres missions.

D’après les termes de la note signée par Cyrus Ngo’o, la Sonara devra procéder au recouvrement des redevances portuaires pour le compte du Port autonome de Limbe à Cap Limboh, ainsi que des frais portuaires pour les opérations de cabotage des produits pétroliers, des frais de prestations de remorquage et de lamanage effectuées au terminal pétrolier de Cap Limboh pour le compte du concessionnaire Fakoship Cape Limboh Towing and Mooring Company S.A. « Cette mesure a ainsi fait de la Sonara, le seul interlocuteur des entreprises qui effectuent des opérations au terminal pétrolier de Cap Limboh de Limbe », précise le Directeur général du Port autonome de Douala.

Rappelons que l’activité de cabotage est  le transport maritime entre des ports voisins, situés sur la même côte. Cette complémentarité portuaire se manifeste par le débarquement de leurs marchandises par les grands navires qui ne peuvent pas accéder aux ports fluviaux, afin qu’elles y soient acheminées vers via un service de cabotage, à partir de petits navires. Sont concernés par la mesure de ce 18 août 2023, tous les acteurs portuaires opérant au terminal pétrolier de Cap Limboh ou y ayant effectué toute opération, à régler auprès de la Sonara, toutes les redevances dues au Pad pour les exercices 2020 et 2021.

« C’est un gros avantage pour les services de recouvrement de la Direction d’exploitation du Port autonome de Douala. Toutefois, il y’a néanmoins lieu de s’interroger sur la capacité, la crédibilité et la solvabilité de la Sonara à retenir puis à reverser ces redevances à qui de droit, au regard de ses difficultés financières. Ce d’autant qu’elle même est déjà redevable d’une ardoise assez lourde vis-à-vis du Port, et relativement aux prestations portuaires qui lui sont rendues directement », ajoute le responsable du Pad, joint par nos soins. En effet, depuis l’incendie de 2019 qui a attaqué ses installations, la Sonara connaît des difficultés financières. Obligeant le gouvernement à engager un plan de restructuration de cette entreprise. Plan de 250 milliards de FCFA, qui repose sur 

14 actions prioritaires à  mettre œuvre dans un délai de 4 ans (48 mois) afin de ramener les pertes enregistrées par la Sonara, de 45% à 7%. Dans le même ordre, pour sortir cette entreprise de l’ornière, l’État du Cameroun avait obtenu le 15 octobre 2021, la validation d’un plan de remboursement de sa dette, sur 10 ans (taux d’intérêt de 5,5% hors taxes), auprès de 9 banques locales, pour un montant de 261,4 milliards de FCFA, en plus de sa dette fiscale et fournisseur.

Toutefois, Cyrus Ngo’o prévoit des voies alternatives pour recouvrer ces droits: « le Port autonome de Douala se verra contraint d’utiliser les moyens de contrainte en sa possession pour le recouvrement des sommes qui lui sont dues », a conclu le Directeur général du Port autonome de Douala.

Félix Beda

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