14 mai 2024

Citoyenneté: Douala, otage du désordre urbain généralisé de ses populations.

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Occupation anarchique de la voie publique, constructions illicites, destruction du mobilier urbain, marchés spontanés, immeubles dangereux, affichages sauvages, insalubrité etc…voici quelques clichés frappants de ce fléau urbain qui menace le bien-être des populations de la capitale économique du Cameroun. Bien informées sur l’ampleur  du phénomène, les autorités administratives semblent impuissantes  face à la déferlante quotidienne de ses maux.

Depuis les années 1970, le fort étalement spatial de la ville de Douala a produit un déséquilibre des structures urbaines. De ce fait, les disparités se sont creusées entre les quartiers, donnant une architecture et une forme urbaine de plus en plus complexes. Le déplacement des populations vers la recherche d’un mieux-être dans la capitale économique du Cameroun a incontestablement favorisé la naissance de quartiers tentaculaires, spontanés  et populaires. Causes logiques d’un désordre urbain à multiples facettes.

Répartis en 4 Arrondissements et 6 circonscriptions municipales la ville de Douala compte, sur une superficie de 210 km2, officiellement environ 3 millions d’habitants. Très en deçà de la réalité. Certains specialistes spéculent sur une population estimée à environ 5 millions d’habitants provenant des autres Départements, voire des Départements et Régions voisines.

Progressivement, se sont crées des quartiers insalubres et anarchiques dans les Arrondissements du Wouri. Makepe Missoke, New-Bell, Bepanda, Ndogpassi ou Bonaberi sont des foyers par excellence de ce cliché urbain. À la recherche du gain et  des sols propices à leur épanouissement de millions d’individus se sont installés dans l’anarchie dans la ville de Douala. Ce phénomène génère systématiquement des conséquences déplorables pour la ville: insalubrité, constructions anarchiques et dangereuses, obstruction de la voie publique et des ouvrages de drainage etc….

Ces fléaux urbains s’accompagnent d’une dégradation de la mentalité citoyenne, une perte d’appartenance à la ville, et une appropriation de l’esprit citoyen par ces populations issus de 240 ethnies, et dont le flux est estimé à 100.000 habitants annuellement. La surpopulation, la pollution, la destruction du mobilier urbain, le vandalisme, l’insécurité, la pollution, la désorganisation du pouvoir, ou les nouveaux phénomènes à l’instar de celui des « microbes », bande d’agresseurs rapides et moblles, sont le corollaire évident de cette urbanisation non-maîtrisée, de la pénétration des sensibilités et des mentalités disparates dans la ville de Douala.

Quel visage n’offre pas la mythique avenue Ahmadou Ahidjo, d’Akwa, dont le trottoir et la chaussée sont occupés à plus de 70% par le commerce spontané? Le spectacle des « bayam sellam » des marchés Dakar, Bonamoussadi ou Cité des palmiers étalant leurs marchandises sur la chaussée et le trottoir n’est-il pas frappant? Les déchets solides abondamment  déversés dans les drains des quartiers New-Bell, Ndogpassi ou Makape-Missoke n’illustrent-ils pas, à suffisance, une décadence de l’esprit de citoyenneté? Des immeubles construits en marge de la règlementation ne pullulent-ils pas les quartiers Bepanda, Ndogpassi ou New-Bell? Le vandalisme sur les feux tricolores, les lampadaires publics ou les bouches d’incendie ne sont-ils pas récurrents? etc….

Des questions pertinentes qui nécessitent de profondes réflexions. Malgré, des actions de sensibilisationet d’opérations coups de poing menées par les autorités administratives et locales de Douala, le mal s’enracine et les fléaux persistent. Aidés par des infrastructures de base insuffisantes, le laxisme, la corruption ou par un déficit de moyens d’intervention pour un respect rigoureux de l’autorité de l’État. 

La volonté des autorités de la ville de Douala, au premier rang desquels, Benjamin Mboutou, le Préfet du Wouri et le Maire de la ville, le  Dr. Roger Mbassa Ndine,  de donner un visage reluisant à cette cité, est indéniable. Ce, à travers quelques initiatives,  aux résultats mitigés malheureusement: la plateforme de lutte contre le désordre urbain, l’opération « Restituer le trottoir aux piétons », l’identification des moto taxi, la création d’un Guichet unique des actes d’urbanisme, les campagnes de sensibilisation de proximité, des opérations de casses, l’aménagement des espaces publics etc….

Des poches de résistance des désordres urbains persistent. Même les quartiers Bonanjo, Bonapriso, Bonamoussadi les plus prisés de la ville de Douala ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.  Il y’a bon espoir qu’un retour à l’ordre normal est toujours possible. Mais avant, les populations de la ville sont invitées à faire preuve de responsabilité et de civisme.

Dim Dim

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