Un mystérieux intermédiaire israélien est soupçonné d’avoir distribué des backchichs à des personnalités afin de décrocher le contrat de production des cartes nationales d’identité sécurisées au profit du Cameroun.
L’affaire fait grand bruit depuis ce début de mois de février 2023 en France. Le Parquet national financier (Pnf), a ouvert une information judiciaire contre Gemalto, fabricant de cartes à puce et fournisseur de solutions biométriques, racheté en 2019 par Thales, autre géant Français du secteur. D’après des informations rendues publiques par le Pnf, l’information judiciaire concerne des marchés gouvernementaux conclus entre l’opérateur et plusieurs pays africains.
Ouverte le 13 juin 2022, pour « corruption d’agent public étranger en bande organisée, blanchiment aggravé de corruption d’agent public étranger et association de malfaiteurs », l’enquête clncerne une dizaine de marchés gouvernementaux (cartes d’identité, cartes électorales, plaques d’immatriculation) remportés par Gemalto entre 2015 et début 2019. Les enquêteurs soupçonnent des commissions percues par plusieurs intermédiaires, pour remporter ces contrats.
Les investigations portent notamment sur un contrat de plus de 46 millions de dollars (28,11 milliards de FCFA), remporté en 2016 auprès de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de la République démocratique du Congo, et autres contrats gagnés en 2017 au Sénégal, sur les permis de conduire et les plaques d’immatriculation, ainsi qu’à un intermédiaire israélien de Gemalto qui est soupçonné d’avoir négocié deux contrats au Cameroun et un autre au Sénégal.
Rappelons que l’opérateur Gemalto a signé un contrat avec l’État du Cameroun représenté par la Délégation générale à la sûreté nationale (Dgsn) du Cameroun, pour la production de cartes e-ID dites « Sealys » en polycarbonate (plus de 20 millions de cartes). Ces cartes d’identité électroniques devraient permettre de lutter efficacement contre la fraude et la contrefaçon de documents. L’affaire « Gemalto » rappelle celle de « Glencore », dans laquelle des soupçons de corruption ont été révélées de la part du negociant et trader Anglo-Suisse à l’endroit de certaines personnalités au Cameroun.
Il est également important de situer que cette affaire émane d’un signalement de la Tracfin, la cellule de renseignements financiers de Bercy (Ministère des finances Français). Les mêmes sources indiquent que Thales a confirmé que sa filiale s’était « vue remettre en octobre 2022 une réquisition judiciaire en vue de communiquer des documents et informations en relation avec des contrats remportés par Gemalto avant son acquisition par Thales en 2019 ». Par ailleurs, le groupe a indiqué « coopérer pleinement avec les autorités judiciaires dans le cadre de cette procédure ». Qu’ « il se conforme strictement aux réglementations nationales et internationales» et pratique une politique de tolérance zéro à l’égard « de la corruption et du trafic d’influence ». À suivre.