Au cours des assises déroulée du 28 au 30 mars 2022 à Douala, plusieurs sujets ont retenu été abordés par El Hadj Oumarou, le Coordonnateur du Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft), Rayhana Adam Saleh, la Directrice générale du Bnf (Bureau national du fret du Tchad), et le Barc (Bureau d’affrètement routier centrafricain), représenté par Floris Endjito, le Directeur général.
La concertation des organismes de gestion du fret de ces trois pays, étaient élargie aux syndicats des transporteurs de ce secteur névralgique. Les tracasseries diverses le long des corridors, l’insuffisance du Gps de géolocalisation, le transport pour compte propre par certaines entreprises, la double immatriculation entre transporteurs des trois pays, le prix conventionnel du transport, la répartition des quotités du fret entre transporteurs des trois pays, ou l’imprécision des ponts bascules ont constitués l’essentiel des débats. Il est important de relever que la tripartite de Douala est la toute première, qui regroupe les trois institutions de gestion du fret terrestre du Cameroun, du Tchad et de la Centrafrique.
La tripartite Bgft/Bnf/Barc intervient concomitamment à la mise en oeuvre des modalités d’application des accords contenus dans le Traité de la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), dans lequel le secteur du transport est un maillon essentiel: «la tripartite des bureaux de gestion de fret de la sous-région avec la participation des intervenants transfrontaliers marque un tournant décisif pour les échanges dans la zone Cemac et Ceeac. Il s’agit de débattre sur les problèmes rencontrés sur les corridors, sensibiliser les acteurs de la facilitation des échanges en zone Cemac et Ceeac, et mettre en oeuvre les outils nécessaires pour une bonne intégration sous-régionale dans le secteur des transports », a indiqué El Hadj Oumarou, hôte de la tripartite.
Révision de convention
Y ont participé, les représentants du Ministère des transports, des forces de l’ordre, et du Guichet unique du commerce extérieur. «Les échanges ont été fructueux. Nous attendons les fruits palpables pour de meilleurs échanges transfrontaliers avec le Cameroun et le Tchad», a réagi à son tour Rayhana Adam Saleh. La partie Centrafricaine a profité de cette plateforme pour porter des problèmes particuliers aux autorités camerounaises : «nous sommes satisfaits de certaines avancées dans notre partenariat, notamment sur les tracasseries policières et le pont bascule au Port de Douala qui a été démantelé. Mais sous souhaitons que les autorités camerounaises se penchent sur la répartition du fret entre le Cameroun et la Rca, qui doit être réactualisée. Il est également question d’obtenir l’autorisation des pouvoirs publics camerounais, l’extension des activités de transporteurs centrafricains au Port de Kribi. Sans oublier la révision de la convention de transport entre les deux pays», a émis Floris Endjito.
Les travaux déroulés en huis clos pendant trois jours ont ainsi permis aux responsables du Bgft, du Bnf, et du Barc de cerner les contours communs du secteur des transports entre les trois pays. D’après les syndicats des transporteurs, environ 78.000 camions sont opérationnels sur les corridors Douala-Ndjamena-Bangui. Ces derniers assurent le transport d’environ 340 milliards de FCFA de marchandises tchadiennes chaque année, contre 55 milliards de FCFA de marchandises centrafricaines transportées annuellement sur le corridor Douala-Bangui. Selon le Bgft, le Cameroun a acheminé de 2000 à 2018 vers les pays de la Cemac un total global de 23.414.407 tonnes de marchandises et 948.814 mouvements de véhicules, dont 8.486.204 tonnes et 324.696 mouvements de camions en direction de la Centrafrique. 9.438.674 tonnes pour 374.341 mouvements de véhicules vers le Tchad, Cameroun-Gabon (155.930 tonnes/20.599 mouvements), 5.235.131 tonnes et 222.941 mouvements à destination du Congo, 98.468 tonnes pour 6.227 mouvements de camions vers la Guinée Équatoriale.
Uniscom
Pour une meilleure circulation des marchandises entre le Cameroun, le Tchad et la Rca, El Hadj Oumarou mise sur la dématérialisation des services, la digitalisation des procédures, et la professionnalisation du métier de transporteur: «nous allons vers la professionnalisation de notre noble métier qui devra à terme être exercer par ceux qui disposent d’un agrément. Le transporteur devra également avoir un numéro d’identification unique, et bénéficier de ses services en un clic sur les plateformes dédiées», a précisé le Coordonnateur général du Bgft. L’occasion de la tripartite a été mise à contribution par l’organisme de gestion du fret terrestre du Cameroun, de présenter la nouvelle plateforme «Landfreightis» (Landfreight information system), Bourse électronique du fret étendue à la sous-région, et plateforme d’enregistrement et de suivi des cargaisons créée par le Bgft (Bgft, Cncc, Guce, Douanes, transporteurs, bailleurs de fret etc….).
La tripartite Bgft/Bnf/Barc s’est achevée par ma signature de 9 résolutions dont celles portant sur la création d’une Unité
Opérationnelle de Surveillance des Corridors Conventionnels Mutualisée, baptisée Unioscom, l’accélération de la dématérialisation des procédures de fret entre les 3 pays, ou l’interdiction de délivrance des Lvo/Lvi à tout camion déjà chargé, ou la sollicitation du Ministère des transports du Cameroun à l’endroit de Camrail, pour le respect de l’application effective de la Lettre de voiture obligatoire par rail: «La société Camrail transporte une partie du fret dirigé vers les pays enclavés de l’hinterland. Cette entreprise devra s’arrimer à la nouvelle donne relative à ce segment du transport international », a ajouté El Hadj Oumarou, le Coordonnateur du Bgft. Ndjaména, la capitale Tchadienne accueillera les travaux de la prochaine tripartite.
Jean Marie Dame