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Invasion des microbes: un phénomène socio-économique imprévisible

(Ripostes,Félix Beda). Le sociologue ivoirien Francis Akindès, apporte des éclairages pertinents sur ce fléau désormais devenu une réalité urbaine.

Phénomène urbain qui tire ses racines en Côte d’Ivoire, les « Microbes » ont progressivement gagné du terrain au Cameroun, dès 2012. Ses prémices ont été ressenties dans deux principales zones d’insécurité de la ville de Douala: Ndogpassi-Village (Douala 3ème) et New-Bell (Douala 2ème). Sous Bernard Okalia Bilai, alors préfet du département Wouri, la capitale économique du Cameroun avait été ébranlé par une vague de violences entre groupes de jeunes de ces deux quartiers populaires: combat de rue à l’arme blanche, agressions ciblées, viols, vols, et destruction du mobilier urbain etc…Cette tension avait provoqué un réveil poussif des autorités administratives locales qui prendront tout de suite de mesures de police drastiques afin d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Parmi lesquelles, des opérations de rafle, des contrôles dans les véhicules, des fouilles personnalisées ou encore, des bouclages des zones réputées dangereuses.

D’après le sociologue Francis Akindès, alors professeur à l’université Alassane Ouattara de Bouaké, en Côte d’Ivoire, plusieurs raisons peuvent expliquer l’attirance de certains jeunes pour cette activité illégale: «la fragilité de leur cellule familiale. Ils sont souvent issus de familles polygamiques, monoparentales ou décomposées, de foyers où il y a eu une inversion des rôles, les enfants étant devenus les pourvoyeurs de revenus face à des parents qui soit ne gagnent pas assez pour tous, soit sont absents, malades ou morts. Ces enfants sont rapidement pris en charge par la rue, où ils vont développer toutes sortes de compétences, dont la violence et le vol, pour gagner de l’argent. Ils ont aussi une haine des autorités et de ceux qui ne leur donnent pas ce à quoi ils estiment avoir droit en tant que citoyens», décrit-il.

La description faite par le sociologue ivoirien est aisément collable au Cameroun, au regard des profils des sujets interpellés régulièrement à Douala, dans le cadre des opérations de ratissage de certains quartiers. Par ailleurs, Francis Akindès cite les causes du phénomène: «des niches de pauvreté devant lesquelles la puissance de l’Etat semble s’être arrêtée. C’est même visible au niveau de l’urbanisme : des quartiers avec très peu de voies d’accès, quasiment pas de présence policière, pas d’éclairage la nuit, des écoles démunies. Tout se passe comme si personne ne s’occupait de ces endroits», pense le sociologue.

Cette autre description cadre parfaitement avec les réalités locales au Cameroun. Particulièrement dans la ville de Douala, les quartiers présentant les caractéristiques similaires sont répertoriés tant par les autorités administratives, les élus locaux, les forces de l’ordre et les populations elles-mêmes. Il s’agit de New-Bell, Ndogpassi-Village, Bepanda, Bonaloka, Nylon, Cité Sic, Ange Raphaël, Bonaberi, Nkongmondo, Dakar, etc…..Et plus récemment, de façon inattendue, Bali et Bonapriso, des quartiers réputés plus sécures et résidentiels.

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