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Rdpc : La dictature du sommet contre la souveraineté du sommier

Au moment où se déroulent activement les opérations de renouvellement des organes de base du Rassemblement démocratique du peuple camerounais ( Rdpc ), les grands tripatouilleurs des listes et des candidats tapis au comité central de ce parti politique, dans le gouvernement ou dans les entreprises publiques sont à l’œuvre. Les plus puissants  aiguisent leurs réseaux et lobbies afin de placer en pôle position leurs affidés sans état de services, ni popularité. Ce, à grand renfort de trafic d’influence ou de corruption. La base grogne. De milliers de militants implorent un nettoyage  du Président national du Rdpc contre ces derniers dont les actes violent systématiquement ses instructions.

C’est  le branle-bas au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Après les secousses internes suite aux élections municipales et législatives de février 2020, et aux élections régionales tenues le 6 décembre 2020, de vives tensions couvent au sein du parti au pouvoir. De graves tensions aux conséquences insoupçonnables. Au moment où se déroule activement les opérations de renouvellement des organes de base au sein de ce parti politique, le bilan des dégâts sont déjà impressionnants. Plusieurs théâtres de vote ont en effet livré de spectacles surréalistes émaillés de disputes, bagarres, menaces armées, ou destructions de biens publics et privés meubles ou immeubles etc…. Bangangté, Sangmelima, Douala, Yaoundé, Makenene ont été les théâtres d’actes de violences inouïes entre militants d’un même parti politique. Des camarades.

Comme les élections législatives et municipales de 2020, les opérations de renouvellement des organes de base du Rdpc ont une fois de plus profondément clivé les lignes de ce parti. Combats de chefs, conflits de positionnement, trafics d’influence, dictature de la hiérarchie politique et choix politiques maladroits illustrent parfaitement cette ambiance délétère. Provoquant une fracture entre le sommet et le sommier constitué de millions de militants et sympathisants. Le processus de renouvellement en cours est incontestablement impitoyable. Processus où des adhérents d’une même formation politique se livrent à de véritables guerres de tranchées. Les expériences précédentes de renouvellement des responsables de cellules, comités de base, sous-sections, et sections ont laissé des traces indélébiles, réouvertes: indisciplines, rébellions intestines, violation des consignes etc…..

Jeunes loups

Au moment où de nouvelles ressources humaines se dévoilent au sein du Rdpc, des interrogations fondées fusent: les militants de base continueront-ils à adhérer motus et bouche cousue à ce processus de renouvellement catastrophique ? Là hiérarchie du parti continura-t-elle à imposer «ses candidats?». Les jeunes loups du Rdpc laisseront-ils la place aux caciques? Les ténors et leaders actuels feront-ils de la place à  la jeune génération? Des préoccupations essentielles. Plus préoccupant, c’est le rôle de la hiérarchie politique de ce parti. Jean Nkuete  Ministre Secrétaire général du Comité central du Rdpc, en poste depuis 2011 est-il encore à la hauteur de ses lourdes missions. Sa gestion du Comité central du parti est en effet sujette à controverses et polémiques. Ses choix stratégiques ont quelques fois donné lieu à de véritables mutineries. La plus retentissente reste incontestablement le bras de fer entre Roger Mbassa Ndine/Jean Jacques Lengue Malapa pour le contrôle de la ville de Douala. À Bengbis, le domicile du sous-préfet de Bengbis dans la Région du Sud a été tout simplement incendié dans le cadre des opérations de  renouvellement des organes de base en cours.

La désignation de Roger Mbassa Ndine sous pli fermé du Secrétaire général du Rdpc avait provoqué une véritable fronde du Président de la sous-section Wouri l, Jean Jacques Lengue Malapa, Maire de Douala 1er. Un conflit entre le choix de la hiérarchie et la volonté de la base. Après de longues tractations entre les mandataires du comité central conduits par Benoît Ndong Soumhet, et les deux parties, le calme reviendra au forceps. Laissant comme à Douala 4ème, Yaoundé 6ème, dans la Benoue, la Mefou et Akono en 2013 et dans la Région de Adamaoua et celle du Littoral pour les élections régionales 2020 des blessures béantes. Saint Eloi Bidoung, Conseiller municipal dans la Mairie de Yaoundé 6ème et candidat recalé à la présidence du Rdpc lors du 3è congrès ordinaire du Rdpc s’exprimait déjà en 2013 sur la situation du Rdpc: «s’ils veulent gâter le parti, nous allons les aider, il n’y a pas quelqu’un qui est militant plus que l’autre. Jacques Fame Ndongo, Jean Nkuété et Grégoire Owona n’ont jamais été responsables du parti à la base et leur place n’est pas au sommet, car ils ne sont pas représentatifs. Le Rdpc est infesté de personnes sans base. Ma manière de voir n’arrange pas tout le monde, mais c’est ça la vraie démocratie», a-t-il indiqué. 

L’Évangile selon Saint Eloi

Cette sortie fort opportune de Saint-Eloi Bidoung reste d’actualité. L’arbre qui cache une forêt de mécontentements et crispations au sein du Rdpc.  La rupture entre le sommet du parti et sa base est consommée depuis belle lurette du fait de la violation flagrante des recommandations de Paul Biya, le Président national du Rdpc qui le 27 juillet 2015 exigeait la prise en compte «des critères d’intégration nationale, de représentativité et d’équilibre socio-politique ainsi que les minorités». Ces dispositions suprêmes de consolidation structurelle du Rdpc ont été battues en brèche au profit des magouilles, petits arrangements et trafics d’influence organisés par le Secrétariat général du comité central du Rdpc et les tenants des officines obscures de ce grand parti politique. 

Les décideurs politiques de Yaoundé disposent en effet de relais solides auprès des organes de base du parti, chargés de veiller au respect de leurs desiderata, ménager leur lobbying et asseoir leurs réseaux au détriment des instructions du Président national de leur parti, contre la cohésion du parti,  au détriment de la nouvelle génération et des cadres locaux aux états de services indubitables ainsi qu’à la popularité avérée. N’est-il pas temps de procéder au renouvellement de ces caciques contre-performants et nébuleux du Comité central du Rdpc, avant tout renouvellement des organes de base? Tel semble être aujourd’hui  être la position de la majorité du sommier politique du Rdpc, las de pratiques obscures et peu orthodoxes de leur hiérarchie. Être Ministre, Directeur général, ou tout autre responsable supérieur d’Etat est-il un strapontin pour mater toute contradiction politique ? 

Vox Dei, Vox populi

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