14 mai 2024

Amélioration du climat des affaires: la Beac engage un dialogue avec les patrons d’industries

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(Ripostes,Auguste Domo). À l’initiative du Syndicat national des industriels du Cameroun conduit par son président (Syndustricam), Samuel Njanga Kondo, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), représentée pour la circonstance par le Directeur national pour le Cameroun, Pierre Emmanuel Nkoa Ayissi, a eu un échange constructif avec de nombreux industriels, opérateurs économiques, représentants des structures bancaires, ce 28 mars 2024.

Placée sous le thème: «Transferts de devises: un plaidoyer pour les industries», la rencontre qui intervient dans un contexte où les entreprises en général et les industries en particulier, vivent un dérèglement structurel, renseignait d’entrée Samuel Njanga Kondo Ngande Junior, le président du Syndustricam.

«Nous ne comprenons pas l’utilité de plusieurs demandes qui nous sommes faites, nous observons que nos premiers interlocuteurs, à savoir les banques, et la banque centrale, se rejettent régulièrement la responsabilité. Les premiers disent n’observer que les injonctions du second. Tandis que lorsqu’on vous rencontre, le son de cloche est différent. Nous observons que vis-à-vis de nous les créateurs de richesses, c’est la présomption de culpabilité qui prévaut. Nous observons qu’à chaque opération, le regard qui est posé sur nous, ne tient compte ni de la notoriété de notre entreprise, ni des spécificités de nos activités ; et encore moins de nos antécédents et des efforts que nous avons consentis depuis plusieurs années pour se mettre en conformité avec la réglementation», a opportunément déroulé Samuel Njanga Kondo, à son hôte.

Du côté de la banque centrale, le constat d’une asymétrie d’informations entre les banques et leurs clients en défaveur de ces derniers au moment de la rotation des changes, a été fait. Or, habituellement, lorsque les banques donnent les crédits aux clients, il y a une asymétrie d’informations, mais cette fois-là en défaveur des banques. La banque centrale, a de ce fait, jugé important de sortir de sa zone de confort, pour aller vers les patrons d’industries, les opérateurs économiques, les responsables des structures bancaires, afin d’engager un dialogue avec tous ces acteurs.

La rencontre de ce 28 mars, avait par conséquent pour objectifs de permettre aux différentes parties de discuter, afin de mieux se comprendre et rompre le mur de méfiance et d’incompréhension qui persiste entre les industries et les banques au sujet très sensible, du transfert des devises. Ainsi, un chapelet des difficultés que rencontrent les patrons d’industries a été dressé et présenté Pierre Emmanuel Nkoa Ayissi, puis, des recommandations visant à apporter des réponses idoines aux préoccupations soulevées par les patrons d’industries, exposées par le secrétaire général du Syndustricam, Vincent Kuete. Des réponses concrètes ont été apportées à certaines préoccupations et recommandations formulées et pour d’autres, le président national de la Beac a promis, se rapprocher de sa hiérarchie.

Délai des transferts, réglementation de change etc….

Parlant concrètement des difficultés rencontrées par les patrons d’industries, Emmanuel Wafo, membre du Syndustricam, et par ailleurs Président Directeur général de Mitchimie, pointe du doigt le délai des transferts et la réglementation de change. «Notre économie est encore basée sur beaucoup d’exportations. Ce qui impacte négativement la balance commerciale. Les Pme rencontrent, entres autres difficultés, les longs délais des transferts. Ils restent un vrai problème, car nous avons identifié qu’il faut compter au plus, 15 jours pour pouvoir effectuer un transfert à l’étranger, avec toute la documentation. Sur le principe de fond, la réglementation de change est très importante pour notre économie. Mais globalement, il faut dire que ça pose un problème de compétitivité pour nous Pme, car lorsque nous allons prendre des engagements chez le fournisseur et un mois après, que ces engagements ne sont pas honorés, le fournisseur peut croire que nous ne sommes pas crédibles. Pour eux, un transfert prend 48 heures et quand ça dure deux semaines, ils disent qu’il n’y a peut-être pas les fonds disponibles. Du coup, la destination Cameroun n’est pas forcément celle qui est recherchée en premier» expliquait-il. «La Beac a augmenté les taux d’intérêt sur les transferts, cela implique automatiquement un renchérissement des coûts et cause un problème de compétitivité au moment où nos économies s’efforcent d’être plus compétitives», ajoutait l’opérateur économique.

Stabilité monétaire

En parfait technicien des questions monétaires, le président national de la Beac a saisi l’opportunité de la rencontre pour démontrer au public, la solidité, la robustesse de notre monnaie le Franc CFA. «En matière de stabilité monétaire, de stabilité du cadre des affaires, en ce qui concerne la banque centrale, nous jouons plutôt dans la cour des grands. Techniquement, votre monnaie est une monnaie solide qui permet aux entrepreneurs, aux hommes d’affaires, aux industriels de faire sereinement leurs affaires», a expliqué Pierre Emmanuel Nkoa Ayissi.

Cette conclusion découlait de l’exposé de la conjoncture macroéconomique du Cameroun pour l’année 2023, fait par lui. Il s’est appuyé sur plusieurs points essentiels, notamment le taux de croissance qui se situait à 3,2 en 2023, le Produit intérieur brut (Pib) qui a accru de 4%, le taux d’inflation qui se situait autour de 7,4%, le solde budgétaire de l’Etat en 2023 qui se situait autour de 0,3%, et les réserves de change qui affichent des performances plutôt positives.

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